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Le temps a passé.
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Je suis revenue.
Doucement.
En m’arrêtant un peu en Grèce, un peu en Italie, et un peu plus dans le sud de la France (deux semaines à Nîmes en housesitting, en compagnie d’un chouette chat).
Vous avez pu avoir quelques nouvelles via Facebook et Instagram.
Mais depuis juillet, plus rien.
Non pas que ce fut le calme plat mais, comment dire ?…. Le voyage était fini, mais pas achevé.
J’ai été SDF pendant plusieurs mois, hébergée par une amie puis par ma famille, eu des pistes pour un futur projet, beaucoup de flou et instabilité, de longueurs et lourdeurs administratives, beaucoup de choses mais rien à raconter. Que de l’éphémère pas sûr, rien de consistant.
Coquelicots grecs
Touristes à Naples
Rue de Naples. J’ai adoré Naples. Il y a des cas comme ça, où les clichés qu’on a d’un endroit, et bien ils sont vrais. Ca m’a fait le coup aux Etats Unis aussi. A Naples, on se sent comme dans une Comedia del arte grandeur nature.
Cliché d’un cliché
Quand Vesuvio n’est pas le nom d’une pizza sur un menu
Maintenant je suis sédentaire, avec un vrai chez moi, depuis deux semaines.
J’ai pu avoir un chouette petit appartement au Conquet, là où j’ai passé l’été. J’aime beaucoup cette petite ville portuaire, je m’y sens bien.
Et donc, un nouveau projet.
Je n’aurais pas pensé remonter à cheval aussi vite, mais les évènements et opportunités m’y poussent.
Et ça se concrétise presque, puisque cette semaine j’ai enfin rencontré une banque et, elle me suit. Donc ça va se faire. Comme quoi, sans capital, avec juste un RSA, on peut parfois monter des projets.
Dans deux semaines je signe un compromis pour acheter 800 m2 de serres verre, pour créer une petite entreprise horticole : faire des plants bio de légumes et d’aromatiques, pour les jardiniers et les maraîchers professionnels.
Ca va s’appeler Hadenn (graine, en breton).
Je vais en donner plus de nouvelles bientôt, car je vais lancer un financement participatif pour m’aider à financer l’achat de matériel.
Ceci dit, les nouvelles ne seront pas ici, mais un peu sur la page Facebook et le compte Instagram.
Et sur le compte Instagram de Hadenn (pas de page FB cette fois ; FB me dégoûte un peu) : Hadenn_plants_bio
Puis sur le site internet que j’ai commencé à préparer : www.hadenn.fr
A terme vous y trouverez plein d’infos sur l’activité et le jardinage bio en général.
Méditerranée…
Sinon, pendant ces derniers mois, j’en ai écris des lignes dans ma tête.
Je vous en ai raconté des états d’âmes, des joies et des peines.
Des paysages et des oiseaux, des mûres et des champignons. Des scènes urbaines et des films au cinéma (un autre truc qui m’a manqué, en voyage).
Mes cycles de haut et bas continuent, mais maintenant je les accueille. Je les connais et ils ne me font plus peur. Je dirais même plus : j’en ai besoin. Surtout les bas ; je plonge dedans, et quand je remonte deux jours plus tard je suis toute neuve, paisible et prête à aller plus loin. Les hauts me font plus peur, j’ai la trouille de me foutre en l’air en dépassant mes limites physiques et psychologiques. Ou de casser la baraque des autres, de me la péter et de blesser sans m’en rendre compte. Disons que j’en profite pour agir, passer les coups de fils, faire les démarches, écrire, surfer sur la vague en cours.
Mais je ne suis pas bipolaire, rien à voir. J’ai juste des hauts et des bas, bien marqués.
Florence, la classe, la cultivée, l’artistique, la littéraire, la chic…
Cliché d’un cliché (bis)
Librairie de l’Alliance française à Florence. Un shoot de bonheur : que des livres en français! Waouh, géniaaaaaallllll!
Que bello
Mon retour a été très, très agréable.
J’en avais peur, mais ça s’est vraiment très bien passé. Je n’aurais pas pu imaginer ça. Et j’adore quand la vie me fait des surprises de ce genre.
Je vous mets deux paragraphes que j’avais écris, en essayant de rédiger cet article qui ne voulait pas venir :
Le voyage est fini. Il s’est achevé en douceur, comme un bon atterrissage. En touchant le sol une fois, rebond, re-contact du sol, rebond plus court, caresse du sol, léger rebond, et c’est bon, ça roule. Vers je ne sais quoi, mais en terre connue et neuve à la fois. Nouveau souffle, nouveaux regards. La neige est tombée sur mes pistes tant fréquentées ; on ne voit plus les traces, libre à moi d’en créer de nouvelles.
(…)
Je rentre de Messouflin* et la vague d’émotions monte. Ou du moins je la lâche, je la repère et ne la cache pas. Elle monte. Les larmes viennent. Me submergent. Et pourquoi ?
Parce que c’est d’un bonheur infini. Infini et plus grand que moi. Et de la gratitude infinie pour ça.
Quoi ça ?
Les gens. Les amis. Les connaissances. Toutes ces relations qui me reconnaissent, me sourient et m’accueillent.
Les amis, la richesse de ces humains que je connais, que je retrouve. Le bonheur des liens, du sens profond de l’amitié, des rires, des partages en tout genre.
Plus de deux ans d’abstinence, pour revenir en en percevant l’essence, l’extrait pur, non dilué par mes anciens soucis ni aucun emploi du temps draconien, ni aucun enjeu sociologique. Juste là. Intact. Voire renforcé par l’éloignement.
Merci.
(* Ferme de Ploumoguer, appartenant à la municipalité, où il y a de nombreuses festivités au cours de l’année. Mais également où des amis ont installé leur activité pendant mon absence : qui une brasserie artisanale bio, qui son atelier de poterie, qui sa vente de pizza, qui sa vente de légumes bio, qui ses créations artistiques, etc. Ce soir là il y avait un petit concert, j’y ai revu plein de monde, et l’accueil m’a fait chaud au cœur.)
Maison niçoise. Arriver en France m’a fait très bizarre. C’était émouvant. Ca faisait plus de deux ans que je fréquentais peu la langue. Arrivée dans un endroit ou tu comprends tout ce qui se dit, partout, ça fait bizarre! Et là on se dit que c’est pas mal parfois, de ne pas tout comprendre, parce que dans la rue on en entend des trucs!
Arles
La Camargue
Il y a deux semaines, j’ai récupéré les quelques malles que j’avais stocké dans le hangar d’un couple d’amis. Quel bonheur de les retrouver ceux-là aussi.
J’ai tout vidé dans mon nouveau nid, retrouvé des objets oubliés.
Et les photos d’un passé que j’aime à présent. De ma famille instable et mouvante. De ces amis, de notre folle jeunesse et notre indélébile complicité.
J’ai aussi vidé mon sac à dos, complètement. Retrouvant des souvenirs et des petits cadeaux d’un peu partout. Quelle chance, quelle chaleur dedans ces petits trésors qui ne valent rien, et sont pourtant d’une richesse immense (ça me fait penser à ces stupides indicateurs de pauvreté). Je les ai posé au bord de la fenêtre, d’où je regarde la mer, les îles (Beniguet et Quémenes, qui font partie de l’Archipel de Molène), les Pierres noires et leur phare rouge qui clignote la nuit.
J’ai pris ce sac vide et l’ai rangé sur une étagère, dans le grand placard du couloir.
Mon sac à dos compagnon, vide, posé tout seul, là.
Ca m’a fait bizarre.
Comme un truc pas normal.
Et spontanément je lui ai dit « on repartira ».
Et j’y crois.
Ouais.
Je suis heureuse d’être revenue, de reprendre racine, de trouver ma place et le vent en poupe de ma créativité. Mais en pensant à tous ces lieux, toutes ces ambiances, toutes ces odeurs, toutes ces personnes croisées. Tous ces amis d’un peu partout avec qui je suis toujours en contact, que je suis sur Instagram, avec qui j’échange de temps en temps sur Whatsapp. Ca me semble impossible de ne pas les revoir un jour. Du moins certains d’entre eux.
Sans parler de ces régions que je voudrais découvrir.
Ca me fait penser à un couple que j’avais rencontré à Yangon, au Myanmar (ancienne Birmanie). Je vous conseille au moins leur compte Instagram : de.voyage.et.deau.fraiche
J’aime beaucoup leur façon de voyager, en réelle rencontre des lieux et des gens. Un vrai esprit de voyage qui, en fait, se fait de plus en plus rare. Et leurs visites de pays que je n’ai pas pu parcourir me donnent vraiment envie de repartir par là, un jour.
Repartie par là, ça peut le faire, non?
Qui sait ce que l’avenir sera ?
Pas moi.
Hahaha!
Toits de Nîmes.
Quel bien-être les deux semaines passées dans un joli appartement au centre de Nîmes. Avec Zizique, le chat. Repos, trois jours de jeûne, lecture, dodo. J’ai tout débranché. Mise à plat. Ensuite j’ai pu repartir pour arriver.
Revenue le 19 juin à Brest, c’est le 9 novembre que mon itinérance s’est vraiment arrêtée et que j’ai posé définitivement mon sac. Jusqu’à la prochaine fois peut-être.
Mais maintenant j’ai une adresse, je paie un loyer, une facture d’électricité (Enercoop, pub!). Je suis inscrite à Pôle Emploi, j’ai un RSA. Je repars à zéro. J’ai glané un lit, une table, des chaises, des draps, des couverts. J’ai une carte de bus tarif réduit. Des allocations logement.
Plus un rond.
Mais je rebondis.
La France va mal, mais ce pays me permet encore d’avoir un peu d’argent pour survivre jusqu’à ma nouvelle autonomie. Merci pour ça.
Ce n’est pas toujours facile, j’ai souvent peur, mais c’est ça la vie.
Je me sens vivante.
Riche dedans.
J’ai fait un tour du monde, finalement. Et il me suffit de fermer les yeux pour repartir. Voir Ziggy en Malaisie, Hermina en Argentine, Sasha à la Nouvelle Orléans, Birgitta au nord de la Norvège, Prem en Inde. Etc.
Et tous ces paysages, ambiances…
Re-naviguez dans ce blog, via le A la carte dans le menu. Et vous re-voyagerez avec moi..
Ceci dit, les paysages du far west breton m’en mettent aussi plein la gueule.
Maison typiquement bretonne
Plage des Blancs Sablons, spot de surf
Marée basse dans le haut du port
Un courlis corlieu se balade
Globalement,
je vous le dis,
je suis heureuse.
Merci de m’avoir lu pendant tous ces mois, ces périples, divagations, cette vie nomade, de vagabondances terriennes.
J’aime bien ces mots inventés. Vague abondance, Vagabond danse. Terrienne.
Partie par là, par-ci par-là.
C’est fini.
Je tourne la page.
Une autre s’ouvre.
Contre vents et marées