Je suis arrivée à Buenos Aires le 8 juillet, un dimanche matin, vers 7h. Le froid m’a saisie, n’ayant qu’un T-shirt à manches longues sur un collègue à manches courtes. Je grelotais en faisant la queue pour récupérer mon sac à dos dans la soute à bagages et avais hâte d’en sortir ma veste coupe-vent. Je n’avais pas mieux. Ensuite je suis allée dans un café pour attendre l’heure de mon rendez-vous. J’étais fatiguée par le voyage de nuit et sentais une légère contracture dans le haut du dos, comme un torticolis mais plus bas. Sans doute due à une mauvaise position en dormant.
Herminia m’attendait pour 10h. C’était mon contact Couchsurfing qui voulait bien m’héberger deux nuits. Une argentine de parents japonais immigrés avant sa naissance, 60 ans mais qui en fait 35-40 ans, divorcée, son fils vit avec le père, et elle adore aller danser toute la nuit. J’ai bien sympathisé avec elle, et nous sommes toujours en contact. En plus elle a été guide touristique pendant 30 ans à Buenos Aires, alors j’ai été bien briefée pour visiter la ville.
Buenos Aires a aussi son obélisque
Buenos Aires aime les ambiances rétro
Le quartier de Puerto Madero, qui me rappelait un peu Hambourg ou Coppenhague
Rue assez classique de Buenos Aires
Oui, mais il faisait froid. J’ai passer des journées à marcher d’un point à un autre, dans cet hiver argentin tout gris, sans beaucoup de goût. C’était un peu comme Paris en novembre, mais en beaucoup moins joli et intéressant que Paris. Après chez Herminia j’ai passé six nuits en Airbnb, chez Carlos, un vieil architecte vivant avec son chat dans un appartement qui m’a paru assez typique du vieux Buenos Aires. Mais qui, comme chez Herminia, n’était pas équipé en chauffage. C’est un truc que je n’ai pas trop compris là-bas. Ils ont l’hiver tous les ans mais ils se contentent de petits chauffages d’appoints peu efficaces. Ca a joué sur mon moral aussi, parce que se balader dans le froid est beaucoup plus agréable quand on sait qu’on va rentrer au chaud ensuite. Mais là, j’avais froid même dans ma chambre.
Le quartier de Palermo, que j’ai le plus apprécié. Il me rappelle un peu West Village à Manhattan
L’écran géant pour suivre les matchs de la coupe du monde. C’est là que j’ai vu la France gagner. Depuis on me félicite un peu partout pour être champion du monde, c’est con, je n’y suis pour rien.
Quartier de San Telmo, le quartier bohème, le quartier des antiquaires et des artistes
Quartier de San Telmo, où tous les dimanche il y a un grand marché d’antiquité et d’artisanat
Normalement un torticolis ça s’en va tout seul en peu de temps, mais ma douleur a persisté, sans doute à cause du froid qui me faisait me contracter en permanence. Je ne vais pas vraiment passer trop de temps à raconter ma semaine à Buenos Aires, parce qu’elle n’a rien d’extraordinaire. J’ai vu Buenos Aires, et je vous conseille d’y aller à une autre période, où alors en groupe.
Pourquoi j’y suis restée une semaine ?
Parce que j’attendais un autre rendez-vous à Montevideo en Uruguay. Quand je vendais mes légumes sur le marché du Conquet (Finistère, Bretagne, France), j’avais comme voisin de stand un uruguayen avec qui je m’entendais vraiment très bien. Il vendait des pâtes fraîches, des gnocchis, pizzas et autres produits italiens faits maison. Sa grand-mère était italienne, comme une bonne partie des argentins et uruguayens. Avant de partir en voyage je lui avais dit que j’irai voir son pays et il m’a dit je pourrais visiter sa famille. Ainsi, sa fille Lucia m’attendait à Montevideo vers le 15 juillet.
Buenos Aires c’est avant tout la danse et surtout le Tango. Ici c’est du tango pour touristes, m’a dit Carlos. Le vrai tango, on va le voir et le danser dans les milongas, le soir. Je n’ai pas fait ça.
Buenos Aires aime vraiment beaucoup le style rétro
Vraiment beaucoup. Et moi aussi.
Je suis donc aller à Montevideo la joie au cœur, avec la hâte de rencontrer les uruguayens qui ont la réputation d’être cools et sympas.
En fait, sur place ça a été un peu le même scénario qu’à Buenos Aires. Lucia a été vraiment accueillante et mais elle était très occupée et devait à ce moment là s’occuper en plus de la maison et des chiens de sa mère partie voir son autre fille au Etats-Unis. Pour le coup, Lucia m’a laissé son appartement et ses deux jeunes chats pendant 5 jours. Je la voyais de temps en temps, mais nous avons réellement eu que deux longues discussions, le temps de deux repas partagés ensemble. Et j’ai vraiment adoré parler avec elle. C’est une femme vraiment chouette, qui étudie et diffuse l’écoféminisme. Mouvement qui a émergé dans les années 70s et qui considère que c’est le même état d’esprit qui dans nos sociétés poussent à maltraiter la Nature et les femmes. Les écoféministes militent donc conjointement pour le respect de l’environnement et le droit des femmes. Ce mouvement est beaucoup plus parlant en Amérique latine où d’une part la mentalité machiste est très répandue et d’autre part où l’exploitation des richesses naturelles est particulièrement désastreuse. Dans les deux cas ce sont les femmes qui trinquent le plus. En cas de problème environnementaux dans les communautés (pollutions, maladies, diminution des ressources, etc) la responsabilité des repas et l’entretien du foyer est plus difficile à assurer, avec en parallèle une augmentation des difficultés sociales et de l’alcoolisme qui augmentent également les violences conjugales. A ce titre les femmes sont plus facilement intéressées par l’écoféminisme, qui leur permet de lutter conjointement contre ce qui détruit leurs vies.
Lucia et moi
Rue classique de Montevideo
Beaucoup de maisons abandonnées. Par contre ils sont plus doués qu’ailleurs pour le tri sélectif des déchets.
L’entrée d’un musée que j’ai visité, qui a été la maison d’un architecte alchimiste. Tout à l’intérieur fait référence à des symboles, des alignements astronomiques, s’accorde aux réseaux telluriques, etc.
Montevideo avait le même climat froid et humide, et en plus j’y étais dans une période pluvieuse. Il n’y avait pas du tout de chauffage chez Lucia, même d’appoint. Et la ville était beaucoup moins vivante que Buenos Aires. On voit en Uruguay une grande différence de moyens financiers. Les rues et les maisons sont peu entretenues. Les trottoirs sont fendus, beaucoup de maisons sont abandonnées, l’ambiance était vraiment triste. Comme j’avais réservé mon billet de bus pour la Bolivie en avance, j’ai passé la semaine à marcher quand il ne pleuvait pas, pour visiter et passer le temps. J’ai aussi finalisé et posté un article, ce qui a été un bon moment de plaisir. Les deux jeunes chats de Lucia étaient très drôles à regarder, et on dormait tous les trois, c’était chouette.
Rue du centre historique, un jour férié. Je suis mal tombée, tout est vide.
Des gens de la campagne venus célébrer la fête nationale
Paysans venus pour la fête nationale
Boutique de fruits et légumes. J’ai trouvé la ville vide et triste.
Montevideo à la belle époque
L’Uruguay et l’Argentine sont les rois de la viande. Il y a des parillas partout, endroit où l’on mange de la viande grillées sur des braises. J’en ai mangé une fois, et j’avoue que c’est de la très bonne viande. Lucia m’a dit que chez eux, les troupeaux élevés dans la pampa ont un hectare par vache, broutant des herbes de qualité.
Cet ancien hôtel particulier fait aujourd’hui musée
Darwin est aussi passé par là, il y a longtemps
Par contre j’avais encore plus mal dans le haut du dos, au point d’aller acheter une crème anti-inflammatoire. Ca m’a soulagée pendant une journée et demi, puis c’est revenu mais en allant aussi dans le bras. Alors j’ai mis de la crème dans le dos et sur le bras, mais ça ne faisait aucun effet, alors j’ai arrêté. Je me suis dit que c’était le froid, ça irait sans doute mieux en Bolivie. Que j’avais hâte de retrouver la chaleur et le soleil !
Et puis est arrivé ce dimanche, où j’ai à nouveau rejoint Buenos Aires pour aller prendre mon bus. Sur la route j’ai passé une nuit dans un hôtel glacial à La Colonia, petite ville très visitée pour son centre historique très joli, fait de petites vieilles maisons et de rues pavées. Il y a deux heures de ferry entre La Colonia et Buenos Aires et à 17h le bus partait pour la Bolivie, où il allait arriver 36h plus tard.
La Colonia
La Colonia
Quel bonheur de monter dans ce bus!
En fait il est arrivé un peu plus tôt que prévu et c’est à 4h du matin que j’ai débarqué à Santa Cruz de la Sierra. Moi qui pensais rejoindre mon hôtel à pied, ce n’était pas vraiment le moment de me balader toute seule dans les rues cette heure périlleuse. C’est en tout cas ce que m’a dit un couple avec qui j’avais sympathisé pendant le voyage. J’ai donc pris un taxi et, mal à l’aise étant donnée l’heure, j’ai sonné à l’entrée de l’établissement. Une jeune femme m’a ouvert, pas vraiment surprise, et m’a gentiment laissée attendre dans le hall d’entrée. La réception ouvrait à 7h, par chance j’ai alors pu avoir une chambre tout de suite au lieu d’attendre l’heure normale des enregistrements. Je suis montée, je me suis couchée et j’ai dormi.
Place centrale de Santa Cruz
Le quartier du marché, près de l’hôtel
A mon réveil, vers 11h, je me sentais encore KO. Mais l’idée d’aller voir le soleil m’a motivée pour me doucher et sortir. Dans beaucoup d’hôtels d’Amérique Latine il n’y a pas de fenêtre donnant sur l’extérieur, alors j’ai pressentie la présence du soleil. Et il était bien là. La température n’était pas très élevée mais suffisante pour me promener en T-shirt, c’était un vrai bonheur. Par contre, après quelques pas dans la rue, j’ai cru halluciner. Il y avait plein de blonds aux yeux bleus, habillés pareil, en salopette et chapeaux ou casquettes. Quelques fois accompagnés de blondes aux yeux bleus, habillées comme mon arrière grand-mère. J’ai su plus tard que c’était des mennonites, membres d’une communauté religieuse, un peu comme des amish, mais venus d’Allemagne et des Pays Bas dans les années 50s. Il y a une grande communauté à 20 km de là, et quelques fois une partie débarque en ville pour faire leurs achats, ils y restent trois jours et repartent. J’ai passé deux nuits à Santa Cruz de la Sierra, que j’ai visité avec le plaisir de retrouver les marchés, les vendeurs de rue, et la vie pas chère. Ce n’est pas une ville très intéressante, ça ne vaut pas la peine d’y rester. Mais c’était mon premier contact avec la Bolivie et un retour vers l’été.
Deux mennonites vus de dos, dans le quartier du marché, où ils ont passé trois jours
Cri du coeur et revendication
J’ai oublié le nom de ce plat typique, mais c’était très bon
J’adore les petits bus locaux, colorés et remplis de prières à dieu, sa femme et son petit prince, pour compenser le fait qu’ils roulent un peu comme des dingues.
Ensuite j’ai rejoint Samaipata, un petit village à trois heures de là. J’en ai eu connaissance car j’avais initialement prévu d’y faire du volontariat, mais la personne avait annulé (ce qui m’a arrangée car mes douleurs de dos/bras étaient toujours là). Et en me renseignant j’avais découvert que c’était un joli endroit, visité pour son site archéologique, ses randonnées dans le Parc national Amboro. Je n’avais aucun plan pour la Bolivie, je naviguais à vue, et mon feeling me menait là. Et j’ai beaucoup apprécié ce séjour. Le village est très joli, touristique mais pas trop, ce qui fait qu’il reste vraiment agréable. Le site archéologique ne m’a pas emballée plus que ça, mais la rando que j’ai faite dans le parc national, au milieu des fougères géantes, m’a vraiment fait du bien. Enfin je crois. Physiquement, je me demande si je n’ai pas trop forcé. En effet, si les jours sont agréables, vers 17h la température chute drastiquement et pouvait descendre jusqu’à 2°C la nuit. C’est aussi ça, les Andes. Et j’avais attrapé froid la veille, avec rhume et bronches à nouveaux irritées. Comme ça grimpait dur pendant la rando, je crois que j’ai un peu aggravé la bronchite. En tout cas après ça elle s’est bien installée. Par ailleurs, mon mal de dos/bras gauche ne s’est pas calmé avec le soleil et la chaleur.
Rue de Samaipata
Sur la place de Samaipata
El fuerte, site archéologique de Samaipata
Fougères géantes dans le Parc Amboro. Elles peuvent avoir plus de 2000 ans et cette espèce existait au des dinosaures. De ce fait elles sont qualifiées de « préhistoriques »
Au loin, les Andes
Que c’est bon d’être là
Autre rue de Samaipata
En Amérique du Sud on voit régulièrement des fourgons de voyageurs au long court. Ceux-ci sont partie d’Argentine et visent l’Alaska. Super périple n’est-ce pas?
Après Samaipata j’ai rejoint Cochabamba. J’étais attirée vers le nord et pensais rejoindre le Pérou assez rapidement. J’ai adoré cette ville. Elle est vraiment agréable, avec plein de vendeurs de rue, de jolies places, de jolies rues. Et j’étais dans un hôtel très convivial, où j’ai rencontré une allemande dans la même situation que moi : elle avait tout lâché et voyageais à plein temps. Nous avons beaucoup partagé sur nos expériences et beaucoup rigolé. Elle n’a pas eu de chance par contre, car elle a vécu plus de mauvais moments, dont une agression à main armée sur un chemin où elle randonnait seule dans un secteur réputé comme étant très sûr. C’était au Pérou un an plus tôt. Un jeune type l’a menacée avec un révolver en lui demandant son sac à dos. Elle en est restée longtemps traumatisée. Mais au moins elle est vivante, parce qu’un étudiant (français je crois) a disparu dans ce même secteur quelques jours plus tard, on ne l’a jamais retrouvé. Peut-être que lui a refusé de donner son sac ? Tout ça ne m’a pas fait peur, mais ça m’a permis de réaliser que les touristes dans des zones pauvres peuvent être des cibles bien tentantes. Et j’ai aussi réalisé que j’arrivais dans des pays très visités, en pleine saison touristique, justement. Ca change l’ambiance.
Une rue piétonne de Cochabamba
Près des bâtiments administratifs il y a des écrivains publics prêts à rédiger des documents pour les personnes qui ne peuvent ou ne savent pas le faire.
J’adore rencontrer les vendeurs de fruits ou de jus de fruits dans la rue. On peut manger et boire sainement dans la rue. On peut aussi manger plein de fritures et de pains, mais on a au moins l’option fruits frais, et ce n’est pas négligeable.
A Cochabamba ma douleur dans le dos a empirée. Je ne pouvais pas marcher aussi longtemps, la marche me créait des douleurs parfois très violentes, m’obligeant à m’arrêter pour m’assoir. J’en avais marre. Je ne pouvais pas faire du volontariat, je toussais (sans fièvre cette fois-ci, ouf!), je ne pouvais plus faire de longue marche, j’étais fatiguée. Tout ça me mettait dans une sorte de brouillard intérieur, de démotivation de tout. La seule position interne que j’avais étais d’attendre que la solution arrive à moi, et de trouver un endroit pour me reposer. Ce ne pouvait pas être dans une grande ville. Et je ne voulais pas aller consulter. La médecine conventionnelle n’est pas bonne pour ce genre de problème ; elle prescrit anti-inflammatoires, voire des infiltrations, au mieux des séances de kiné. Pas très efficace, voire délétère. En plus mon assurance ne couvre pas ce genre de chose. Si ça faisait suite à un accident oui, mais pas après une nuit dans un bus ou un problème d’usure personnelle. Je me disais qu’ils avaient peut-être des rebouteux, en Amérique Latine. Ca doit être international ce boulot. Mais comment le dire en espagnol ? J’ai regardé sur internet s’il y avait des ostéopathes, ce que j’aurais consulté en France, mais je n’ai rien trouvé.
Autre rue de Cochabamba
Devant l’Université, des baby foot dans la rue, pas mal non? Il y en a une a gauche qui n’apprécie pas la photo.
En même temps je savais que l’on n’attrape pas des douleurs et des maladies par hasard. Il y avait aussi une raison interne, énergétique, que je n’arrivais pas à éclaircir. J’ai envoyé un mail à un clair-voyant avec qui je travaille de temps en temps, pour lui demander ce qu’il avait comme information sur ma situation bloquée. Il m’a répondu : « Tu fais du bénévolat c’est pour ça que ça bloque. il faut que tu arrives à construire avec une voie qui te rapporte, qui te fait grandir et évoluer. Là tu ne bouges plus du coup l’action est interdite. Fixe toi des objectifs avec des ambitions personnelles, sans passer par la case : bonne action ». Ca m’a fait l’effet d’un « bang, en plein mille ». Ok, mais je n’avais toujours aucune idée de ce que je veux faire ou créer. Et pire, j’en n’avais même plus la motivation. J’étais démotivée par ma vie elle-même. Pas dépressive, mais comme blasée de tout. Bon, me soigner, me reposer, voilà mes priorités. Après on verra.
Continuons le voyage.
Paysage entre Cochabamba et La Paz
Paysage entre Cochabamba et La Paz. D’où l’intérêt de voyager de jour.
Arriver à La Paz est vraiment époustouflant. La ville est immense et s’étale dans une cuvette,remonte sur tous les bords, qui si elle débordait, littéralement.
La Paz, où l’on arrive par le plateau, avant de descendre dans l’épicentre de ce big bang de maisons
La Paz vue de l’intérieur, une rue près de mon hotel. Je n’ai pas visité plus.
Publicité pour du catch féminin bolivien, ça à l’air drôle
De Cochabamba j’ai rejoint La Paz (la capitale) pour y passer une simple nuit avant de partir pour le Pérou, en passant par le lac Titicaca. J’ai visé la ville de Puno, en imaginant une petite bourgade au bord du lac, moins touristique que Copacabana côté bolivien. Là, je pourrais peut-être me reposer. J’ai eu tout faux. C’est une assez grande ville, moche et glauque. Surtout en cette saison hivernale. Il faisait gris et froid, parce qu’on y est à 3800 m d’altitude, je l’ai su après. Ca m’a encore plus fatiguée. Je me suis forcée à aller visiter les villages flottant, ça faisait drôle d’être dans un cet endroit improbable pour moi. Le lac Titicaca, comme si j’étais entrée dans illustrations de mes livres d’écoles. L’auberge de jeunesse n’était pas chauffée, je me sentais encore plus mal, et même légèrement nauséeuse, je mangeais de moins en moins. Donc j’ai continué la route et pris un car pour rejoindre Cuzco.
Paysage entre La Paz et Copacabana
Entre La Paz et Copacabana
On s’approche du lac Titicaca
Et le lac apparaît, magnifique
Village flottant sur le lac Titicaca. Ce peuple vit sur des radeaux de roseaux, qu’ils entretiennent en permanence.
Visiteurs embarquant sur un bateau traditionnel, fait de roseaux également. C’était un peu pathétique et gênant de voir les habitants se démener pour nous faire acheter des trucs et des trucs, artisanat, balade sur le bateau, etc. C’est à se demander où est l’authenticité et où est la vitrine pour attirer les touristes.
On peut voir des panneaux solaires sur les huttes, ça doit leur changer la vie
Cuzco, c’est LA ville que tous les touristes connaissent au Pérou, l’endroit soi-disant incontournable, car c’est la porte de la vallée sacrée des Incas et le passage obligé pour qui veut visiter Machu Pichu. C’est à dire les 98% des voyageurs au Pérou. Je n’étais pas sûre de visiter Machu Pichu, mais j’avais vraiment envie de voir les montagnes arc-en ciel, et peut-être trouver un village tranquille pour me reposer. J’avais trouvé une auberge de jeunesse avec sauna inclus, ça m’a trop fait envie, du chaud, du chaud, du chaud ! Je me suis dis que ça pouvait m’aider à relaxer mon dos. Et j’envisageais également de trouver un bon massage.
Entre Puno et Cuzco. Les paysages étaient encore plus impressionnant à cette altitude.
J’étais aux premières loges, à l’étage du bus
Entrée d’un terrain de foot dans un village. « Triomphe sans vanité et perd sans rancoeur ».
La culture sur brûlis se pratique encore, malheureusement
Je suis arrivée à l’hôtel dans un état lamentable. J’avais très mal au dos et au bras, bien que j’avais passé la journée confortablement installée dans un bus. La tête embrumée, la toux, le rhume toujours là, horrible. J’avais envie d’un sauna et d’un bon lit. Et puis à l’entrée j’ai vu que l’auberge faisait aussi spa, avec massage et … quiropraxia. Ah mais voilà, chiropracteur, c’est ce qu’il me faut !!! J’ai cru être sauvée, mais non. Ils ne faisaient plus quiropraxia. Ils m’ont cependant conseillé leur massage de grande qualité. Ok. J’ai posé mes affaires et suis descendue au sauna après avoir programmé un massage dans la foulée. Le sauna m’a fait du bien, mais ça a été dur quand même, j’étais vraiment HS. Et le massage ensuite a été… très profond et d’une grande qualité. La masseuse avait le gabarit catcheuse péruvienne et elle n’y a pas été de main morte. J’étais une flaque. Je suis partie me couchée, et j’ai dormi.
Cuzco
Cuzco, plaque tournante pour les touristes. Entre agences d’excursions, magasins d’artisanat, hôtels, restaurants et cafés, on se promène dans de jolis rues.
Le lendemain j’étais toujours une flaque. Plus aucune douleur de dos ni de bras, j’étais heureuse d’avoir été réparée. Mais je toussais et me mouchais toujours beaucoup, et n’avais aucune force. Au point de ne pas me lever de la journée. Juste en fin d’après-midi, je suis descendue boire un pur jus d’ananas et c’est tout. Le surlendemain ça allait mieux, je me suis levée pour allée visiter un peu les alentours. Et Cuzco est une très jolie ville. Même en tant que grande ville, je m’y sentais bien et pouvais me reposer dans cette auberge/spa. Mais j’ai aussi senti les douleurs du dos et du bras revenir. Le soulagement n’était que temporaire. Et l’état nauséeux était toujours là. Comme mon amie Thérèse m’a informée que ça pouvait venir d’un déplacement de vertèbres, je me suis focalisée sur trouver un chiropracteur (maintenant je savais quoi demander). J’ai demandé à la réception de l’auberge, mais après avoir contacté tous ceux qu’ils connaissaient de sérieux ils m’ont annoncé qu’ils étaient tous en voyage. Pas de bol. Du coup ils m’ont indiqué une clinique pas loin, peut-être que j’en trouverais un. Je me suis rendue à cette clinique et, je vais passer les détails administratifs pénibles et compliqués, toujours est-il qu’ils s’en foutaient pas mal de mon mal de dos. Mais ils m’ont gardée toute la journée et toute la nuit parce que ma fatigue, mes essoufflements, mon brouillard intérieur, mes nausées et sans doute ma toux de plus en plus pénible, venait du fait que j’avais le mal d’altitude. C’est à dire que je soufrais du manque d’oxygène, au point d’être arrivée à un taux sanguin de 74% au lieu de 95-99%. En fait, je soufrais de ça depuis La Paz et je ne m’en rendais pas compte, pensant que ça venait de ma bronchite pré-existante et de mes douleurs de dos. Du coup j’ai été sous oxygène pendant 18h, ce qui m’a reboostée. C’est incroyable comme ça change les idées, de bien respirer. On le sait, mais on n’y pense pas assez. Ils m’ont également donné des anti-inflammatoires et des antibiotiques. Au point où j’en étais, je ne pouvais pas vraiment lutter. Surtout si je voulais me faire rembourser par mon assurance. Parce que, je vais passer les détails, mais il y a eu un bug avec elle : elle m’a laissée me faire hospitaliser dans un établissement avec lequel elle ne travaille pas. Du coup je devais avancer les frais. Soit pratiquement 1000 $US au total. Après coup j’ai réalisé que la clinique en a profité pour gonfler les prix, pensant gagner de l’argent via une assurance étrangère. Ok, mais moi j’attends toujours mon remboursement. (faux! Le temps de finir de préparer cet article, j’ai eu la réponse positive après 1 mois et demi d’attente. Merci AXA, via Chapka assurance)
Belle église de Cuzco
Autre rue de Cuzco
Normalement, pour éviter le mal d’altitude, on mâche des feuilles de coca. Je n’ai pas anticipé et ai minimisé le truc. En fait je n’y ai pas vraiment pensé. Ici une pub pour une boisson à base de coca, qui est autant de la merde que du coca, tellement c’est bourré de sucre. Par contre les infusions de coca sont très bonnes.
Je suis sortie de là de bonne humeur, mais ai senti très vite que les poumons n’étaient pas guéris, je m’essoufflais encore très vite. Il n’y avait qu’une chose à faire pour le moment : descendre en altitude pour retrouver un taux d’oxygène atmosphérique plus clément. Et trouver un autre endroit pour me … reposer. Ca tombait bien, j’hésitais à aller voir Nasca, et bien c’était tout indiqué : c’est bas, il fait chaud et c’est pas loin de la mer. Je voulais revoir la mer.
Entre Cuzco et Nasca
Entre Cuzco et Nasca. Ce sont les paysages qui m’ont le plus impressionnée, car on a entièrement traversé les Andes.
J’ai vu Nasca, ça ne casse pas des briques, ce n’est pas une ville agréable. Mais je suis contente d’avoir vu les motifs dans le désert. Ma toux a commencé à se calmer à partir de là et je n’avais plus de rhume. Je me reposais beaucoup.
Pour voir les motifs dans le désert de Nasca on a le choix entre une excursion en avion à 100 euros, ou prendre le bus pour rejoindre un mirador au bord de la route. De là on ne voit que trois motifs, mais c’était suffisant pour moi.
Autre vue depuis le mirador, on distingue un autre motif sur la droite, un serpent traversé par la route.
Je pensais que les motifs étaient fait par des murets, ou du moins des amoncellements de pierres traversant le temps. Mais ils sont faits justes par une petite tranchée de 30 cm de large et de 5 cm de profondeur. Juste une mise à nue du sol. Et ça traverse le temps.
Un de mes meilleurs souvenirs de Nasca
Puis j’ai continué sur Paracas, petite ville portuaire à l’entrée d’un grand parc national marin et terrestre du même nom. J’ai adoré retrouver l’odeur de la mer, même si elle est moins forte que celle de la mer en Bretagne. Par contre l’ambiance très touristique de la ville est assez désagréable. On ne peut pas se balader le long de la mer sans se faire interpeler par tous les restaurants pour nous montrer leur menu. Et tout est cher. J’ai bien aimé la visite du parc terrestre, assez courte mais qui illustre les paysages désertiques et les jolis plages battues par le vent et l’océan. J’ai également fait la visite des îles Balestas, célèbres car on y a récolté le guano (fientes d’oiseaux marins) pendant de nombreuses années pour l’exporter à travers le monde où il est utilisé pour amender les sols agricoles. Aujourd’hui l’extraction continue un peu pour le seule utilisation locale péruvienne. Par contre les oiseaux sont toujours là, je ne saurais pas vous répéter les noms mais la diversité est grande. On y voit également des lions de mer. Et ce que je voyais du milieu subaquatique me faisait vraiment envie. Je devinais des fonds magnifiques, avec notamment des forêts de kelp, ces grandes laminaires qui peuvent faire 20m de long.
Désert de Paracas
Désert et mer de Paracas
De hautes falaises, qui me rappelaient le Maroc
Et de belles plages colorées
Dignes de jolis tableaux
Pêcheurs au bord de l’eau
Fou à pattes bleues
Ca ressemble à Ascophylum
Iles Balestas ; colonie de fous à pattes bleues
Lions de mer. Un mâle et deux femelles
Grotte marine qui semble bien intéressante
Pêcheur solitaire parmi les îles
Ne me demandez pas le nom, je n’en sais rien
Bébés fous
Couple d’une espèce en voie de disparition, mais je n’ai également pas le nom
Toujours pas le nom. J’ai aussi vus des manchots de Humbolt ; là j’ai le nom mais pas la photo ; allez en voir à Oceanopolis (Brest, FInistère, Bretagne, France)
Jolies algues
J’ai aussi visité le tout petit musée qui ne paye vraiment pas de mine, mais où peut voir les fameux crânes très allongés qui on été découverts en plusieurs sites archéologiques de la région. Un jeune étudiant m’a expliqué et montré que certains d’entre eux ont été créés par élongation des crânes des bébés pour obtenir ce résultat. Mais d’autres sont comme ça naturellement. On les distingue parce que la structure même du crâne est différente, ne comportant pas de ligne de suture séparant les différents os crâniens. Eux sont fait d’un seul bloc sur le dessus. J’ai déjà lu et vu des reportage sur ces crânes, qui auraient appartenu à une caste hiérarchiquement plus élevées, que ce soit en richesse ou en connaissances. D’où l’envie d’imiter les crânes pour essayer d’entrer dans cette caste. Mais le plus impressionnant c’est que ça révèle la présence d’une autre espèce humaine, avec en plus des cheveux de couleurs roux/auburn, complètement différent de la couleur de cheveux bien brune des populations locales connues. Et pourtant rien n’est fait pour étudier cela. Les explications avancées sont toutes ridicules : tous les crânes auraient été déformés à la naissance, et la couleur de cheveux viendrait de malnutritions. Or, on voit bien la différence anatomique des crânes naturellement allongés, et la malnutrition blanchit les cheveux ou les font perdre, mais ne rend pas roux. Certains avancent la présence d’humanoïdes extra-terrestres, et pourquoi pas ? En tout cas ça en vaut l’étude, au lieu d’avancer des explications non scientifiques et ridicules.
Crâne humain normal, avec la ligne de suture au milieu, entre les deux plaques osseuses latérales. Celui-là a été déformé dés la naissance de la personne.
Ustensile pour déformer les crânes
Crâne mystérieux, sans ligne de suture centrale, une seule plaque osseuse couvre le sommet. Celui-là est naturellement de cette forme, témoignant d’une autre espèce ou civilisation.
A Paracas mes douleurs de dos/bras sont revenues en force, après l’arrêt des anti-douleurs. Mais l’appétit aussi est revenu, ça allait mieux. Même si énergétiquement j’étais ramollo. Motivée par rien. Ceci dit, à force d’être mal, sans appétit, j’ai lâché plein de trucs. J’ai eu tellement marre de plein de trucs, que j’ai laissé tombé des trucs. Je sais, c’est vagues. Mais pour dire que même dans un état de démotivation blasée, je me sentais quand même plus légère et plus libre. Un peu plus en mode « rien à foutre ».
La ville de Paracas ne me plaisait pas plus que ça, alors il était temps d’aller à Lima, la capitale. Je n’aime pas les grandes villes et j’aurais bien voulu éviter celle-là, mais il fallait que je soigne mon dos.
Baie de Paracas vue depuis la terrasse d’un resto vegan cher et pas terrible
Des centaines de bateaux de pêche devant la plage de Paracas. La zone est une des plus poissonneuse du monde, représentant 10% de la pêcherie mondiale.
La plage de Paracas est sale et ne donne pas envie de s’y baigner, mais on peut jouer au foot, ou bouquiner
Là-bas j’ai eu la chance de trouver une petite auberge de jeunesse très sympa. Juste un appartement avec deux dortoirs de quatre lits chacun. Et j’étais la seule cliente à ce moment-là. Ca me faisait comme avoir un appartement à moi toute seule. Le propriétaire était vraiment chouette et m’a aidée comme il pouvait. J’ai pu trouver un chiropracteur et j’y suis allée tous les jours pendant trois jours. Entre les séances je restais couchée, à lire et surfer sur le net. C’était impressionnant comment ma colonne et ma nuque craquaient. Je me souviens qu’après la première séance, après m’avoir tordu le cou dans un sens puis dans l’autre dans des bruits de cracs, le praticien m’a dit « maintenant vous êtes reconnectée ». Et c’est l’effet que j’ai eu en effet. Non seulement mes os se remettaient en place, mais mes idées aussi. L’énergie se remettait à circuler et je me recentrais, reprenais contact avec moi-même.
Après les trois jours de séances je pouvais marcher sans que ça me fasse mal. Je sentais encore un peu de douleur dans le bras mais pas grand chose. Mais j’en avais marre de Lima, de la circulation des voitures, de l’absence de vie. Et j’avais hâte de rejoindre l’Equateur.
Une rue de Lima
Rue dans le quartier de Baranco, un des plus jolis de Lima
Place de Baranco
Le pont des soupirs, de Lima
Front de mer de Lima
Beaucoup de jolies vieilles voitures en Amérique latine
Petite église près du pont des soupirs
Rue de Lima
Toutes les grandes villes du monde ont leurs jolis quartiers et aspect typiques local. Mais toutes, partout, ont une bonne partie exactement pareille, avec les mêmes enseignes, les mêmes centres commerciaux de plus en plus immenses, la même malbouffe à base des produits des trois gros lobbies agricole : blé, laitage, viande, auquel ont rajoute sucre, sel et mauvais gras.
J’ai pris un bus pour Guayaquil ou je suis arrivée après 28h de trajet.
Là a commencé ma dernière étape en Amérique du Sud.
Là j’ai réalisé un rêve.
Et là je me suis retrouvée, soignée, et changée, forcément.
A suivre…