Le voyage a été très long pour arriver au Guatemala. Mais j’en ai un bon souvenir, sauf à la fin. Tout était découverte. Chaque étape, chaque phrase prononcée en espagnole, chaque rencontre, chaque véhicule emprunté, chaque paysage et ville traversée. Je prenais tout, toutes les sensations, sans rien rejeter.
J’avais réservé mon trajet sur internet auprès d’une agence de voyage basée à Guatemala city et organisant des trajets dans tout le pays et avec les pays frontaliers. Avec un tarif de 46 euros pour arriver à Flores après 12h de voyage, je trouvais ça très correct. Ca l’est, en Europe. En fait je me suis faite avoir : à Palenque on peut acheter des billets à 500 pesos soit 22 euros. Passons, j’ai aussi acheter le confort et la sécurité d’avoir mon billet sous la main avant de le chercher au dernier moment dans les rues de Palenque sans savoir que, oui, ça se fait tous les jours. Je ne lis peut-être pas assez les forums ou blogs de voyageurs pour ça, mais sans regret ; je fais mon voyage et j’apprends. Maintenant je sais que partout en Amérique latine les meilleurs tarifs on les trouve sur place, il faut laisser tomber les sites internet ou autre achat anticipé à distance. Même pour les hôtels, je n’utilise plus très souvent Booking ou Airbnb : sur place on trouve des pensions très chouettes, locales et moins chères. Je ne réserve à l’avance que si je dois arriver tard le soir par exemple.
Arbre tropical. Rien à voir avec ce que je raconte mais en fait je n’ai pas de photo illustrant mon trajet jusqu’à Flores. Par contre j’ai plein de photo de la végétation du Guatemala, qui est très belle.
La navette en question devait passer me prendre à 6h du matin. C’est ainsi que font tous les tours operator, ils passent prendre direct à l’hôtel. Comme la navette passe par plusieurs hôtel on n’est pas forcément la première et elle peut arriver plus tard, normal. Là, c’était ma première expérience de ce genre et à 6h du matin, dans la rue sombre et déserte, je me suis dite : « euh, tu as acheter un billet en ligne à des gens que tu ne connais pas, est-ce que ça existe tout ça ? ». A 6h10 j’ai vu que oui, ça existait. La navette est arrivée et il y avait juste un couple dedans. Alors on a poursuivi la tournée des hôtels jusqu’à remplir le minibus. C’est cool quand on est dans les premiers, on n’a pas les strapontins.
Après 2h de route on s’est arrêté dans un resto au bord de la route pour le petit déjeuner. Normalement je n’en prend pas mais dans les choix il y avait de la pastèque alors j’en ai pris, m’étonnant que personne ne payait rien. En fait c’était compris dans le prix du voyage! Je me suis demandée si ça allait être pareil pour le déjeuner. Mais un autre truc me turlupinait un peu : en mangeant une jeune allemande est venue discuter avec moi ; c’était très sympa d’entendre ses aventures de jeune au pair au Mexique, mais j’ai aussi appris qu’elle était juste en journée de visite d’un site archéologique et forestier, pas en route pour le Guatemala. Or, elle était dans la même navette que moi (il y avait plusieurs navettes arrêtées avec leurs passagers touristes pour le petit déjeuner en question). Y avait-il eu erreur ? J’ai décidé que non et d’attendre sereinement la suite des évènements.
Vue sur la forêt autour de El Remate (vous saurez plus loin ce qu’est El Remate)
Une heure et demie plus tard nous nous sommes arrêtés à l’entrée d’un village et le chauffeur à dit « la personne qui va au Guatemala sort ici pour la douane et nous rejoint plus loin sur le parking ». Tout le monde s’est regardé, sauf moi qui me sentais visée et qui suis sortie sous le regard étonné des autres. Ils étaient en visite touristique, il n’y avait que moi à passer la frontière. Oui mais comment alors ???
Tout d’abord la douane mexicaine.
J’appréhendais un peu parce qu’en fait si, j’avais lu des forums sur le passage au Guatemala et c’était unanime : on nous demande de l’argent (j’avais lu plusieurs fois 320 pesos) mais ce n’est pas légal c’est un jeu des douaniers pour leur poche. Il ne fallait pas céder, demander un reçu (qu’ils ne peuvent pas donner), argumenter que la taxe à laquelle ils font référence on la paie en entrant (notamment dans le billet d’avion), etc. Comment ça allait se passer ?
Arbre à Tikàl
Devant le guichet il y avait déjà cinq autres personnes, parlementant justement sur cette fameuse taxe pas normale (demandée uniquement aux gringos, je précise). Etrange hasard, il y avait trois français sur les cinq. Et les deux douaniers nous demandaient 500 pesos pour avoir le visa de sortie. Je passe les détails, mais oui j’ai pu passer sans payer. Mon argument gagnant a été de dire que j’avais déjà payer avec mon billet d’avion d’arrivée, il m’ont demandé le billet d’avion en question (que je n’avais pas, bien sûr, je ne fais pas collection ; je crois que je vais en commencer une), mais je leur ai demandé de regarder sur la carte de douane (document que l’on rempli en entrant dans le pays spécifiant les richesses que l’on apporte, etc, et que l’on garde jusqu’à la sortie) où mon arrivée en avion avec le numéro de vol était précisé. Ca les a calmé, ils n’avaient rien à dire et mon tamponné mon passeport. Ouf !
Bon, rejoindre ma navette maintenant, et savoir la suite du programme.
En fait, le chauffeur m’a accompagnée à une barque et on a traversé la rivière qui sert de frontière entre les deux pays. C’était très exotique pour moi, j’ai adoré. De l’autre côté il m’a accompagnée jusqu’à une cahute où on m’a remis un ticket pour pouvoir prendre un colectivo direction Flores. J’avais une heure d’attente puis 6h de colectivo devant moi. Un colectivo c’est le transport en commun au Guatemala, un minibus à l’allure de combi Wolfwagen (en un peu plus grand) qu’on rempli tant qu’on peut quitte à mettre des gens sur le toit et qui relie des villes entre elles. En fait, depuis Palenque on peut je pense se faire un voyage pour pas cher du tout si on sait tout ça : prendre un colectivo pour rejoindre le village frontalier (Frontera Corozal), passer la rivière et prendre le colectivo pour Flores. La prochaine fois je ferai ça, même si ça prend beaucoup plus de temps. J’ai le temps, et je préfère voyager local que dans des bus de touristes. Pareil entre Flores en Lanquin. Mais ça c’est pour plus tard, pour le moment je suis ignorante et je joue la sécurité, un peu d’aventure, mais pas trop.
Passage de la frontière Mexique-Guatemala au niveau de Frontera Corozal sur le Rio Usumacinta
En fait, j’ai attendu la navette avec un des français qui était à la douane avec moi, les autres avaient réussi à choper le colectivo précédent ; on arriverait une heure plus tard à Flores du coup. Ca m’était égal, arriver à 17h au lieu de 16h. Un autre homme, à l’air sympathique et au silence mystérieux, est ensuite arrivé pour attendre aussi. Je lui ai demandé d’où il était, c’était un argentin. Mais en fait, avec le français on n’arrêtait pas de discuter. Il voyageait seul lui aussi, venait du Yucatan et allait ensuite au Belize. Un jeune homme très intéressant, aimant son travail à la SNCF et ayant les voyages comme passion. Il avait la chance d’avoir plein de vacances (ayant en partie des horaires de nuit et de week-end) et mettait tout son argent dans les voyages. Il disait que pour le moment il aimait beaucoup sa vie ainsi, sans se caser ni s’installer quelque part. Il a un boulot itinérant qui lui permet de gagner plus et de voyager en France tout en travaillant, en rien la stabilité ne l’intéresse. On a échangé des infos et des anecdotes, discutant pendant plusieurs heures. En règle générale j’aime bien me fondre parmi les autochtones, mais j’avoue que rencontrer un.e francophone sympa et pouvoir s’exprimer pleinement dans ma langue ça me fait aussi beaucoup de bien.
Sol de forêt près de El Remate
Une chose à prendre en compte dans les petits transports en commun, c’est qu’il n’y a pas de toilettes et pas d’escale. Alors mieux vaut ne pas boire avant d’entamer un long voyage (c’est ma technique). Mais comme je ne m’attendais pas à ce voyage là je n’avais pas géré, les trois dernières heures du voyage ont été avec une vessie sous pression. Ensuite, pour les repas c’est génial : dans toutes les villes traversées il y a des vendeurs de rue qui montent à l’assaut du véhicule pour vendre qui des fruits, qui des glaces, qui des tacos, qui des empanadas, qui des nachos, qui des gâteaux, qui du dentifrice, qui du n’importe quoi. Il y en a pour tout les goûts, et notamment les miens. Parce qu’en occident, manger des trucs simples et sains quand on est sur la route est quai-impossible à moins d’anticiper et se déplacer avec des provisions. Ce jour-là a été encore plus simple, j’arrivais dans le pays sans un quetzal en poche (monnaie du Guatemala) et j’ai donc fait un petit jeûne, toujours salutaire.
J’étais un peu sur un nuage dans ce mini-bus, à découvrir de nouveaux paysages et la vie locale des passagers montant et descendant au fil des villages ou des hameaux invisibles au milieu de la campagne. Pas mal de voyageurs prennent les journées de déplacement d’un point à un autre pour du temps perdu ; moi, ça me régale. C’est tellement vivant dans les petits bus, ça parle, blague, et encore plus aux escales.
Pleine lune sur Flores
Nous sommes arrivés vers 16h, non pas à Flores mais à Santa Helena qui est en fait un grand quartier périphérique. Les chauffeurs du bus (ils travaillent toujours à deux : un qui conduit, un qui encaisse et interpelle les passants dans les villages en annonçant la destination du bus) nous on remis entre les mains d’un chauffeur de taxi pour nous mener à destination à 5 min de là. Encore une autre surprise. A la base je pensais faire un trajet Palenque-Flores et là j’en était à mon quatrième véhicule si je compte le bateau. Je n’étais pas à l’aise. On a vérifié que c’était bien inclus dans ce qu’on avait déjà réglé. Ok. Donc on monte. Il nous propose de passer à un guichet automatique pour retirer de l’argent, sympa, au moins ça c’est réglé. Il fait la conversation, demande d’où on vient, où on va, sympa. Et puis il nous donne des infos sur ce qu’on peut faire, le temps qu’il faut pour aller à Tikal, les horaires des navettes, etc. Sympa. Et puis il dit qu’on peut réserver notre trajet avec lui, il s’occupe aussi de navettes pour Tikal ou d’autres lieux au Guatemala. Ah, ok. Sympa.
En fait je suis fatiguée, par le voyage, le jeûne, ce nouveau milieu inconnu. Je sens que c’est pas clair tout ça, il doit finir notre voyage, pas nous démarcher. Je n’ai pas la tête à penser à la suite de mon voyage ni à réfléchir à quelle solution est meilleure qu’une autre. Quand il nous avait demandé où on allait après Florès j’avais répondu franchement que j’allais à Lanquin, comme on parle de tout et de rien avec un chauffeur de taxi. Oui mais, il s’avérait que c’était aussi un tenancier de tour operator qui avait des clients potentiels coincés dans son véhicule. Il m’a proposée de me montrer une carte du Guatemala pour m’expliquer les trajets et options. Mon hôtel était en face de son agence, j’ai accepté par curiosité sur ces dites informations et puis je n’avais pas la force de me défendre d’une proposition sympa dans la forme mais que mon intuition me disait de fuir.
Vue depuis Flores
Et il a déblatéré, raconté plein de trucs en me montrant les routes et sur le peu d’option qui existaient pour aller soit disant au milieu de rien et surtout d’en repartir. J’étais dans deux mondes à la fois et la fatigue m’enlevait les capacités de faire le lien entre les deux. A savoir, dans la matière un discours cohérent avec une proposition intéressante de me vendre un trajet pour Lanquin plus un autre trajet ouvert pour aller ensuite de Lanquin à où je voudrais quand je voudrais. Et dans le subtil je savais, franchement je savais que ça ne collait pas. Je me vois encore lui donner 560 quetzal pour ces deux billets de transport, en réservant le trajet aller pour la semaine suivante, tout en sachant que normalement je ne devrais pas prendre de billet maintenant. J’étais engourdie de fatigue et ce qui décrirait le plus ma démarche est que j’avais la flemme, vraiment la flemme de me battre, de me méfier. Je voulais que ça coule, être normale et juste, c’est à dire pour moi faire confiance et compter sur l’honnêteté des autres. Je sentais que je me trompais, mais dans l’histoire je ne me sentais pas la poire, je ne me sentais pas nulle. J’étais dans mon action juste à moi, à ce moment là. Ca m’amusait presque de le voir me déblatérer et empocher l’argent avec contentement. S’il y avait arnaque, je me disais que le leurré de l’histoire c’était lui, pas moi. La, à ce moment là, j’étais normale et juste. J’étais moi. Alors, in cha’Allah.
Vue depuis Flores
Après m’être un peu reposée dans ma chambre je suis sortie visiter Flores et trouver mon repas. Flores est connue. Sur la carte c’est assez grand, sur le bord du lac Petén Itzà. Mais sur place on découvre que Flores est seulement la petite partie qui se trouve sur un îlot du lac, reliée par un pont à la grande partie Santa Helena qui constitue la vraie ville. Donc, Flores est comme un petit village entouré d’eau, très charmant, et regroupant tous les touristes qui passent dans le coin. On peut s’offrir des tours en barque, voire des déplacements vers d’autres villages. Le soir il y a des femmes qui cuisinent sur une partie des quais et ça j’adore, manger la cuisine de rue. En chemin j’ai retrouvé l’argentin qui avait fait le trajet depuis le Mexique en même temps que moi. Nous étions contents de nous retrouver et de pouvoir faire un peu plus connaissance. Il s’appelait Marcelo et était de Patagonie. Il faisait lui aussi un gros break et voyageait au hasard, au fil des rencontres, pour prendre le temps de regarder, sentir, vivre. Une belle rencontre.
Bord du lac Péten Itzà à El Remate
Le lendemain, j’ai pris le premier touctouc de ma vie pour aller à la gare routière et prendre un colectivo pour El Remate, un autre village au bord du lac, plus proche de Tikàl. La ville grouillait de touctoucs. Les villes du Guatemala grouillent de touctoucs. Un tarif unique pour tout déplacement dans la ville, pas cher, efficace, sympa.
A El Remate j’avais réservé quatre nuit dans un Airbnb qui avait l’air très chouette. Et ça l’était, mais c’était plus un petit hôtel de cabines dans la verdure qu’un Airbnb comme je le pensais, chez l’habitant. Ca s’appelait Alice, le lieu était créé et tenu par un couple français, et le cuisinier aussi était français (il y avait un petit restaurant/café/bar). Une ambiance vraiment conviviale et très drôle, dans un cadre magnifique. Si vous allez à Tikàl, séjournez chez Alice à El Remate.
(personne ne s’appelle Alice là-bas ; près des tropiques le premier croissant de lune n’apparaît pas vertical comme pour faire un p, mais horizontal comme un sourire suspendu qui a rappelé à Nathalie et Dimitri (les proprios) le sourire du chat dans Alice au Pays des merveilles).
Bord du lac Péten Itza à El Remate
Je me suis posée quatre jours pour finir et poster un article, me balader, visiter Tikàl. Pas loin de l’hôtel il y avait une réserve naturelle dans la forêt. Les singes hurleurs que l’on entendait venaient de là et j’avais bien envie de les voir. Ca a été une belle balade, sans rencontrer beaucoup de vie animale mais au milieu d’une végétation tropicale luxuriante. La balade touchait à sa fin et je n’avais pas vu ni entendu les singes ; je pensais que c’était raté. Mais non, leurs cris ont commencé à résonner et plus je m’approchais plus j’étais impressionnée par la puissance de ce cri peu rassurant. Au point que je commençais à me demander « Euh, tu es sûre qu’on ne risque rien ? Ils ne sont pas agressifs ? Tu es sûre qu’ils sont si petits que ça ? ». Il faut savoir que les cris des singes hurleurs sont utilisés dans les films pour faire les cris des gros dinosaures, alors émotionnellement ça me faisait l’effet de m’approcher d’un gros dinosaure, même si mon cerveau savait qu’il s’agissait de petits singes noirs.
Et puis enfin, ils étaient au-dessus de ma tête, dans les arbres, s’en foutant complètement de ma présence. C’était la deuxième fois que je voyais des singes en liberté, la première fois étant les kakis de Mayotte l’année dernière. Les singes me touchent, j’ai beaucoup d’estime pour eux.
https://www.youtube.com/watch?v=daaP5xQfd6c&w=700&h=420
Singe hurleur observateur
Forêt tropicale. C’est un peu comme voir toutes les plantes en pot de Jardiland remises en liberté.
Chez Alice, je dormais dans le dortoir mais qui était le plus chouette dortoir que j’ai connu pour le moment. Dans une hutte avec un toit en feuille de palme. Pas de lit superposé, que des lits de deux places, trois au rez-de-chaussée et trois à l’étage. J’étais à l’étage, à la meilleure place parce que le lit était devant la grande ouverture/fenêtre donnant sur le jardin et la forêt. C’était un plaisir de m’allonger là et de préparer l’article. Surtout quand il pleuvait ; j’adore les pluies tropicales.
Hutte dortoir de chez Alice
Les deux autres lits étaient occupés par deux jeunes allemands qui m’amusaient beaucoup. Ils me faisaient rire tellement leur duo était épique. Ils voyageaient en solo, se sont rencontrés quelque part au Mexique, ont décidé d’aller au prochain point ensemble, et de fil en aiguille ils étaient toujours ensemble même si voyager en duo était toujours remis en question pour leur étape suivante. Il faut dire qu’ils étaient très différents, comme des opposés. L’un avait 24 ans, svelte, bien peigné, très ordonné, organisé, déterminé, il se destinait à être prof d’espagnol, qu’il parlait parfaitement bien. L’autre avait 34 ans, d’origine japonaise, rondouillet, bordélique, toujours en retard, éternisant ses études de business car n’avait aucun business en tête. Ils passaient beaucoup de temps à discuter de leur programme, qui a changé plusieurs fois en deux jours, avec notamment celui de ne pas aller dans la même direction, pour finalement partir ensemble pour le Salvador chercher le soleil. Ils faisaient un peu les frères ennemis, et c’était très drôle de parler avec eux et de les observer. Je pense qu’une amitié à vie se tissait là. L’un complétait l’autre à merveille et l’humour magnifiait le tout.
Promenons nous dans les bois
Etrange fleur, jamais vue à Jardiland
Vous sentez l’humidité ambiante là, avec la mousse même sur les feuilles?
On s’est retrouvé à visiter Tikàl le même jour, donc à prendre une navette à 5h du matin en même temps. Arriver tôt peut aider à observer des animaux, mais aussi à croiser moins de monde. Il faut un peu de route pour arriver puis passer les entrées du site archéologique donc on a commencé à s’engager dans les allées à 6h45. On était quatre, il y avait aussi Mario, un maltais également en vadrouille au long court qu’on avait rencontré dans la navette.
Le mauvais côté de l’affaire est qu’il pleuvait un peu, une sorte de mouillasse légère au début qui s’est ensuite accentuée en pluie. Et puis ça s’est arrêté. Mais quand c’était fini les deux allemands étaient déjà partis, ils en avaient marre de se faire mouiller et avaient abandonné, disant que de toute façon ils avaient visité plein de sites au Mexique et que c’était toujours un peu la même chose, au final. J’en étais qu’à mon deuxième site et étais d’accord avec eux.
Vue depuis le sommet d’un monument. J’ai le chic pour visiter les sites mayas sous la pluie.
Les arbres me sont plus monumentaux que les monuments…
… mais quand on mélange les deux ça devient majestueux
Mario à droite, les deux allemands à côté
Du coup j’ai continué avec Mario, on a fait tous les monuments en discutant de plein de trucs, c’était sympa (nous avons échangé nos adresses Facebook et sommes restés en contact par la suite). Tout ça a duré 7h. Tikàl est très grand, il y a de la marche à faire entre les monuments. Et là encore c’est le mélange des pierres et de la végétation que j’ai aimé regarder. Des formes et des couleurs magnifiques, des ambiances et énergies particulières, qui parlent d’un autre temps. Dans ce genre de lieu je vais ou ça me fait plaisir, je ressens les choses, et je sais que plein d’infos passent dans mon inconscient. Je ne suis pas attirée par connaître l’histoire qu’il y a derrière et de suivre un guide. Ou plutôt si, ça m’intéresserait beaucoup les vraies histoires humaines derrière tout ça, mais qui les connait ?
Tikàl
Tronc à Tikàl
Tikàl, place centrale
Tikàl
Sol à Tikal
Racines à Tikal
Le jour suivant, il a plu toute la journée et j’ai finalisé mon article, devant ma fenêtre. Les allemands étaient partis le matin même. La chambre était vide. J’ai vu arriver d’autres voyageurs, ils parlaient français. Les hôtels tenus par des francophones ont tendance à attirer des francophones, même ne sachant pas que c’est le cas (vérifié plusieurs fois par la suite). En fin d’après midi, j’ai enfin mis l’article en ligne et je suis allée prendre un thé et un gâteau à l’espace café. Il faisait frais sous ces tropiques pluvieuses, surtout sans bouger de la journée. D’autres résidents étaient là pour passer le temps et, de fil en aiguille, j’ai commencé à discuter avec les nouveaux arrivants. Surtout avec un, Stéphane.
Lichens sur murs mayas, à Tikàl
Son histoire était incroyable et réjouissante. Il était arrivé là, au Guatemala, un peu par hasard, en suivant le jeune couple de voyageurs qui l’accompagnaient, eux-aussi français. Avant ça, il avait atterri au Belize après avoir tout vendu en France. Il était en transition de vie professionnelle et sentimentale et voulait passer deux mois chez une cousine pour visiter et faire le point sur la suite. Il s’est toujours bien entendu avec cette cousine mais, de façon incompréhensible pour lui, ça s’est mal passé. Il avait l’impression de déranger et de toujours mal faire donc il est parti de la maison. Sa première idée était d’aller à l’aéroport pour rentrer en France mais assez vite, dans la rue, il s’est dit « je suis là, autant visiter un peu ».
Les signes s’effacent, l’essence reste. Tikàl
Ce que j’écris n’égalera jamais la façon dont a Stéphane de raconter tout ça, avec ses gestes et ses mimiques tellement expressives et drôles. Pour mieux planter le décor, il ne parle ni anglais ni espagnol et, s’il a un sac à dos c’est parce qu’un ami lui a conseillé au dernier moment de ne pas prendre sa valise à roulette. En gros, le contraire d’un aventurier et encore moins d’un solitaire. Mais il a ce grand talent relationnel et expressif qui fait qu’il arrive soit à se faire comprendre par gestes accompagnés de quelques mots anglais très éparses, soit à rencontrer d’autres voyageurs dont le trajet l’intéresse et il les suit. C’est comme ça que, après avoir visité seul quelques lieux du Belize, il est arrivé au Guatemala, à El Remate, chez Alice. Presque aussi étonné d’être là que ceux qui entendent son histoire. Du coup, il vivait vraiment au hasard des chemins et des rencontres, avec l’idée de revenir au Belize quand sera le temps de prendre son avion. J’étais fascinée. Il se trouvait souvent con dans tout ça, parce qu’il ne connaissait rien, ni des langues ni des endroits où il arrivait. Alors que pour ceux qui écoutaient son histoire il était un vrai aventurier, qui n’avait rien préparé et qui se jetait complètement à l’eau, même en ayant à la base pas le style de vie ni la personnalité à le faire. C’était génial à voir.
Monument non encore restauré, recouvert de végétation. En fait un très faible pourcentage des vestiges mayas sont connus et restauré. C’est un patrimoine immense et inconnu qui couvre une grande partie de l’Amérique centrale.
Bien sûr, je lui ai aussi raconté ce que je faisais là et on a trouvé plein de points communs dans nos parcours. Et quand je lui ai dit qu’ensuite j’allais faire du volontariat dans une ferme de cacao il a bondi sur sa chaise (au sens propre), parce que le cacao l’intéresse beaucoup. Il a, entre autres choses, tenu un salon de thé pendant huit ans et il s’y connait bien en café, thé, cacao. Il voulait voir comment ça se passe à la source et, pourquoi pas, montrer un projet par la suite. Il voyageait aussi avec en tête la possibilité de trouver à investir dans un nouveau projet, pourquoi pas en Amérique latine ?
Du coup, comme Stéphane était motivé pour se lancer dans la cambrousse Guatémaltèque j’ai demandé à mon contact s’il était intéressé par un volontaire supplémentaire. Et ça a été conclu. Cependant, je devais partir le lendemain pour Florès et le surlendemain pour Lanquin, lieu de mon volontariat chocolaté. Stéphane arrivait tout juste et n’avait pas encore visité le coin. Alors on s’est échangé nos numéros pour se tenir au courant et en prévoyant un rendez-vous pour quelques jours plus tard. Il aurait à faire le trajet Flores-Lanquin tout seul, encore une aventure pour lui, a priori.
Chez Alice ils vendent des billets pour aller à Lanquin, ou Semuc Champey, c’est pareil. Semuc Champey est LE site naturel magnifique que tout le monde va voir à Lanquin, au point que son nom est connu dans tout le Guatemala, je l’ai su après. Je crois que c’était 150 quetzals l’aller, moins de la moitié que mon billet aller-sortie, déjà mon intuition se vérifiait : financièrement j’aurais mieux fait d’attendre pour acheter ce billet. Mais je me suis sentie dans le juste, alors va savoir ; le financier n’est peut-être pas l’aspect à prioriser à tout prix. Ca m’a bien fait cogité et travailler le lâcher prise cette histoire. Pas seulement la perte d’argent, mais aussi le côté arnaque et mensonge. Et ce n’était qu’une première couche.
Le lendemain j’ai donc rejoint Florès pour y passer la nuit et prendre la navette pour Lanquin à 8h le surlendemain.
Sol en espagnol ça veut dire soleil ; étonnant non?
…
Et si je m’arrêtais d’écrire ici, pour une première partie de récit au Guatemala ?
C’est déjà long non ?
Je veux toujours faire plus court, résumer, ne pas raconter autant ma vie et parler plus des lieux et des gens, mais voilà, je suis en écriture quasi automatique et ça donne un roman perso !
Allez zou, je met en forme, corrige, télécharge les photos, les place dans le texte et … vous êtes là, devant l’écran !
C’est fantastique.
Pendant que vous lirez, je continuerai la suite.
A bientôt
Tikàl
Tikàl
Oui, la prise de vue de monument dans un écrin de végétation est un peu redondante dans mes photos, mais dans une forêt difficile de faire autrement. Au fait, c’est Tikàl.
Allez, pour changer voici une vue sur végétation dans un écrin de pierre. Au fait, c’est Tikàl.
Oiseau à Tikàl. Ah ben, il faut dire que la dinde c’est un truc sauvage en Amérique. Même aux Etats Unis, il faut se méfier de ne pas se faire attaquer par un dindon quand on se balade en forêt.
Attirance ou appréhension?
Quelque fois, être face au mur c’est pas mal