Je débute mon voyage de ville en ville, par des sauts de Flixbus qui permettent de voyager à petits prix, avec toilettes, wifi, prise électrique, chauffeur toujours sympathique. Si vous me suivez sur Instragram ou Facebook vous connaissez déjà ce début de parcours et les illustrations que j’ai pu donner ; je vais développer un peu ici.
J’ai quitté Lille le 10 mai, pour arriver à Amsterdam en toute fin d’après-midi. Changement de pays, de langue, mais pas de monnaie, mine de rien ça aide. Il est assez pratique aussi d’être dans une ville très touristique et hébergeant de toute façon beaucoup d’étrangers : non seulement tout le monde parle anglais mais beaucoup de signalisations en tout genre sont bilingues.
Me voilà donc à un point A (comme Amsterdam) avec comme objectifs de trouver 1) où est le point B (comme Bed) et 2) comment y arriver.
Pour le point 1) c’est assez facile grâce à l’application Plan de mon iphone. Dés que je l’allume… non, l’ouvre (on allume l’i-phone mais on ouvre une appli(cation), soyons précis) ; bref, dés que j’ouvre l’appli Plan je vois un point bleu qui clignote sur la carte locale : c’est moi. Enfin, là où est mon iphone, en l’occurence dans ma main. Il me reste à entrer l’adresse que je cherche, immédiatement localisée par un point rouge.
Reste le point 2). Là c’est un peu plus compliqué, les panneaux indicateurs des trains et autres métros dans les gares restent en langue locale. Il faut donc demander à quelqu’un, héhéhé ! Au début, avec un anglais rouillé au point de bloquer les mâchoires et avoir un vide lexical proche du 95% ça a été fastidieux, maintenant ça va mieux. Ceci dit je n’en suis pas rendu à pouvoir suivre une visité guidée, mais c’est une autre histoire.
A Amsterdam j’avais réservé une place dans une auberge de jeunesse (grâce à l’appli Auberge) qui s’est avérée vraiment sympathique, conviviale et confortable, uniquement réservée aux femmes. Une ambiance intéressante cet entre femmes: Hostelle, Amsterdam.
Les auberges de jeunesse ont nettement évolué par rapport à ce que j’ai connu auparavant. Les draps et la couette sont compris dans le prix, les établissements et les chambres sont très propres et confortables, on dispose d’un casier qui ferme avec clef ou cadenas pour garder nos affaires en sécurité. A Amsterdam il y avait une grande cuisine à disposition, thé et café offert en permanence, wifi gratuit.
Et oui, paradoxe. Autant chez moi je ne mettais et ne mettrais pas la wifi, autant je suis bien contente d’avoir accès à internet facilement. L’idéal aurait été des connections filiaires à disposition partout, mais dans les villes il ne faut plus rêver : on baigne dans les ondes pour longtemps. Je ne me plombe pas l’esprit de croyances négatives non plus, ce serait pire. Je roule ma bosse dans cette réalité et fais au mieux.
Un coin pour dormir, la compréhension des transports publics locaux, je suis prête pour découvrir la ville. En général j’ai toujours la même stratégie : trouver une office touristique, obtenir un plan de la ville et une vision globale des lieux à visiter et aller vers ce qui m’attire. J’utilise peu les transports, j’adore marcher dans les rues et observer la vie qui m’entoure. Et si le voyage c’est le changement perpétuel, j’ai aussi adopté des habitudes appliquée partout : visite des vieux quartiers, marche dans des quartiers périphériques non touristiques où je vois mieux la vie locale, balade dans des parcs pour avoir ma dose de verdure, recherche d’un magasin bio pour acheter mes victuailles.
A Amsterdam j’ai visité le musée Van Gogh, sans regret. Je n’aime pas tout chez Van Gogh, mais certains tableaux me touchent beaucoup. Et j’ai eu plaisir à prendre connaissance des étapes de sa vie et de sa peinture.
J’ai aussi visité le musée du corps Body Worlds. Une exposition très particulière réalisée par l’artiste Gunther von Hagens avec de vrais corps humains. Elle a circulé un peu partout dans le monde et j’avais en mémoire le témoignage d’une amie qui l’avait vue à Lyon, en France. Elle m’avait dit avoir été subjuguée, notamment par le fait que, étant peintre, elle était de toute façon fascinée par les corps humains. Pour réaliser son oeuvre l’artiste avait initialement obtenu l’accord de personnes vivantes pour utiliser leur corps à cet effet après leur mort. Les corps sont écorchés, laissant voir les muscles, tendons, nerfs et autres vaisseaux, selon les cas. Ils ont subit une plastination, momification moderne par injection de silicone pour remplacer tous les fluides. A Amsterdam le thème du bonheur est traité en parallèle de la découverte des corps et des organes, je ne pense pas que ça ait été le cas ailleurs, mais peut-être.
Je n’ai pas été emballée, ni touchée, ni impressionnée. Peut-être que mes études en biologie et les multiples dissections faites m’ont rendu ça plutôt banal. L’idée de l’utilisation de vrai corps m’impressionne, mais sur place la plastination donne un effet de corps en plastique. Savoir que est impressionnant, le résultat concret ne l’est pas vraiment à mes yeux.
Amsterdam est vraiment une ville magnifique et très agréable. Des canaux partout, plus de bateaux que de voitures mais des voitures quand même, et surtout beaucoup de vélos et de piétons. Il y a tellement de vélos qu’ils sont prioritaires sur les piétons sinon ils ne pourraient pas rouler. Mais tout ça est bien organisé ET l’organisation est respectée. Ce n’est pas difficile car elle est pleine de bon sens.
L’atmosphère est décontractée, souriante, je m’y sentais vraiment en sécurité et j’ai vite pris mes repères. Régulièrement une odeur de pétard m’arrivait aux narines sans que ce soit un caractère dominant de mes déambulation. Mais il me manque Amsterdam by night, je reste une rentre tôt, les bars et autres coffee shop ou lieux de sortie nocturnes ne m’attirent toujours pas, et de toute façon en voyage je ne m’y risquerai jamais seule. A voir plus tard ailleurs avec de futures rencontres ?
Après 3 jours aux Pays bas je suis arrivée en Allemagne, à Hambourg. Me rendre au point B a été particulièrement facile : il était situé à 200m de la gare routière. Encore une auberge de jeunesse, mixte cette fois-ci, nickel propre et tout mais pas très conviviale ; je passe.
Hambourg est impressionnante par la taille et l’aspect massif de ses bâtiments ainsi que la taille du port (wikipedia dit : 87 km2 de surface, 70 km de quai, 1er port d’Allemagne, 3ème port d’Europe en tonnage, 9eme port à conteneurs du monde). Ce n’est pas une belle ville à proprement parler, mais elle impressionne. Elle est très active, héberge une diversité d’humains venant d’un peu partout, une diversité sociale que je n’ai pas vu à Amsterdam (autant de sdf et mendiants qu’en France, je n’en ai vu aucun à Amsterdam). L’alcool et la cigarettes sont également beaucoup plus présents dans la rue. Comme à Amsterdam il y a une rue dédiée au commerce du sexe avec beaucoup moins de tabous qu’en France. Les prostitué(e)s se mettent en vitrine ou sur le trottoir, au milieu des badauds dont des touristes visitant une attraction locale.
Je garde de Hambourg un souvenir plus terne et gris, mais peut-être du fait que la météo n’y était pas très belle pendant mon séjour de 2 jours. C’est le seule endroit où j’y ai eu une journée de pluie.
Ensuite je suis passée à l’été, dans la tête, sur la peau et dans les moments partagés : arrivée à Copenhague où j’ai eu la chance d’être reçue chez une amie.
Il y faisait beau et dans les 21-25°C à l’ombre, la ville entière jubilait après les mois d’hiver. On sent le bonheur des habitants du nord à voir le printemps et la chaleur ensoleillée ; ils en profitent tant qu’ils peuvent, en se mettant en maillots de bains sur les pelouses des parcs, en se réunissant dehors en terrasse jusqu’à tard. J’y ai retrouvé un peu le même état d’esprit décontracté, respectueux et plein de bon sens qu’à Amsterdam. Les canaux et la belle architecture en moins. Mais Copenhague ne manque pas de charme pour autant et la mer est bien présente, déployant ses bras dans plusieurs endroits de la ville qui couvrent également quelques îles.
Une de ces îles héberge le quartier de Christiania, dont wikipedia dit : quartier de Copenhague au Danemark, autoproclamé « ville libre de Christiania », fonctionnant comme une communauté intentionnelle autogérée, fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådsmandsstræde par un groupe de squatters, de chômeurs et de hippies. Ce quartier est une rare expérience historique libertaire toujours en activité en Europe du Nord.
Appétissant hein ?
J’avoue qu’il est plutôt pas mal de s’y promener. Du moins si l’on quitte le centre névralgique de l’animation du quartier : la rue où on vend du cannabis à prix record, en sac ou en pétard déjà prêt. Il y en a pour tous les goûts (stimulant, planant, soporifique, etc.). Pas de voiture à Christiania, une ambiance très babacoul comme on dit chez nous, des maisons dans des vieux bâtiments de la ville ou auto-construites, une zone naturelle arborées faisant une belle balade au bord de l’eau, des échoppes ésotériques, de massages, de vêtements, de vélos, de réparations en tout genre, de créations artistiques, de restauration, etc. Nous y avons passé une soirée, bar sans alcool et resto bio végétarien délicieux, un moment vraiment chouette. Le retour en vélo, dans la nuit et l’air chaud, à travers les rues sainement animées de Copenhague reste aussi un souvenir grisant.
Je n’ai rien visité en terme de musée ou monument, même s’il y a de quoi faire. Marcher au soleil, déambuler en bonne compagnie et découvrir la vie de la capitale danoise avec des amis ont été un vrai bonheur. J’y suis restée 4 jours, et j’ai repris un Flixbus.
Arrivée à Stockholm, sans réservation dans une auberge cette fois-ci. Je franchis une étape et via le réseau CouchSurfing je trouve un hébergement chez un hôte qui veut bien m’héberger gratuitement, pour le plaisir de rencontrer, d’échanger, d’aider. J’ai aussi visité Stockholm, avec un plan en poche, une idées des lieux à visiter. J’ai déambulé dans différents quartier et ai eu mes doses de verdure. Mais Stockholm a surtout été un lieu de nouvelles rencontres. Mes premiers pas vers la découverte d’autres personnes pour la simple curiosité de rencontrer d’autres personnes. Alors mes déambulation ont été rythmées et entrecoupées par des rendez-vous et elles ont été moins observatrices, moins dans le ressenti du moment présent. Mes pensées étaient occupées par ces rencontres et ce qu’elles suscitaient en moi, par les échos des discussions, des choses apprises et des repères changés. Je parlerai des personnes qui ont animé et nourri mon voyage dans un autre article.
Stockholm m’a fait un effet plus grandiose et moins convivial qu’Amsterdam et Copenhague, mais plus chaleureux et vivant que Hambourg.
Ici aussi la présence de la mer, des bateaux, des îles et des ponts qui constituent le centre ville. Le relief est par contre plus… ben il y en a un quoi ! Pas très marqué, mais quelques collines par-ci par-là suffisent à une nette diminution des bicycles. Est-ce là la vraie raison, je n’en sais rien du tout. D’autant plus que d’un autre côté les pistes cyclables sont moins pratiques, un peu moins développées qu’aux Pays Bas et qu’au Danemark (à Hambourg aussi il y a moins de bicyclettes). Mais les vélos restent quand même bien présents et les transports en communs sont toujours bien développés entre bus, train, métro, tramway, ferry.
L’architecture de Stockholm donne un effet plus doux, du moins dans la vieille ville avec des murs crépis et peints de différentes couleurs dans les tons ocres, carmes, beige, etc. Beaucoup de musées et de lieux historiques dans cette ville qui est aussi domicile de la famille royale suédoise, du nom français de Bernadotte comme leur ancêtre Jean-Baptiste Jules Bernadotte. Ce dernier a été mis sur le trône au temps de Napoléon (1818 dit wikipedia) pour défendre le pays contre les danois (il n’y avait pas d’héritier au trône ni de candidat local valable, je vous laisse à vos recherches pour savoir pourquoi c’est lui qui a eu le poste). Il y est devenu Charles XIV Jean de Suède et a fondé sa lignée qui règne toujours.
Les langues nordiques sont très agréables à écouter. Je vous mets une petite bande son prise sur le quai de la gare :
De ville en ville, je me suis dépaysée, j’ai pris contact avec le voyage, avec un début d’aventure, avec les changements de lieux et de repères réguliers, avec les pages qui s’ouvrent pour vite se refermer, avec des nouvelles langues, des nouvelles cultures, des nouvelles cuisines, de nouveaux horaires, de nouveaux paysages, etc.
Mais pas tant que ça non plus.
Dans toute ces villes, comme en France, je trouve aussi les mêmes produits, la même façon de s’habiller, les mêmes rues, les mêmes voitures, les mêmes centre-ville, avec les mêmes H&M, C&A, McDo, Intersport, etc. Les mêmes sorties de bureaux, les mêmes happy hours after work, les mêmes lunchs, les mêmes lieux chics aux centre-villes les mêmes Lidl en périphérie. Je crois que je m’attendais à plus de différences, ou alors je me suis faites aux différences et ne vois maintenant plus que les points communs, qui sont nombreux.
Bref, je me lasse et commence à m’ennuyer. Il est temps de retourner aux sources, là, dehors, côté campagne, où il y a peu à vendre et tout à faire de ses mains (j’exagère un peu mais ça fait joli et ce n’est pas complètement faux).
Le train de nuit m’amène plus au nord.
Je vais dire bonjour au père noël.