Et cetera

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Je viens de revenir en Europe, en arrivant en Grèce.
Après trois semaines en Turquie.
Et je vais suspendre le blog, qui n’est pas très loin de se terminer de toute façon. Parce que le voyage n’est pas très loin de se terminer. En fait il a déjà commencé à se terminer à l’intérieur de moi.

J’ai retrouvé la subtilité et la beauté du printemps, que les régions tropicales ne connaissent pas. Le printemps c’est magique, parsemé de pépites dans les odeurs de l’air, dans des éclats de lumières, entre fraîcheur et réchauffement. Il n’y a pas ces sensations subtiles sous les tropiques.

Comme je l’ai expliqué dans mon précédent article, je vais finir le voyage sans avoir à le relater. Pour me rassembler après m’être dispersée dans tous les sens, pour connaître le voyage sans public, pour retrouver le complet anonymat. Enfin presque, je posterai encore de temps en temps sur Instagram et Facebook.

Istanbul

Mais je re-écrirai plus tard je pense, après être rentrée, ou si l’envie me prends avant, puisque je change souvent d’avis. C’est un des trucs qui me fatigue le plus, ces changements d’avis perpétuels. Je ne peux pas avoir confiance en moi, en mes décisions, en mes aspirations, parce qu’elles peuvent s’évaporer dés que je change de contexte.

Bref.

Côte sud de la Turquie, montagneuse, où l’on voit des neiges (éternelles?) depuis le port

Je ferai le point un jour ou l’autre, et écrirai je ne sais quoi. Peut-être pour raconter mes séjours en Turquie, Grèce, Italie, la traversée de la France, ou pas. De toute façon ce que je voulais faire est fait : raconter ma vie en voyage, pour montrer que voyager ce n’est pas difficile ni dangereux. Le monde est beau, le monde est moche, tout dépend du regard qu’on veut lui donner, et c’est la même chose où que vous soyez. Mais une chose est sûre : il y a des gens formidable partout et la plupart des êtres humains sont prêts à aider. Une autre chose est sûre : les gens sont très accueillants, particulièrement en Asie et moyen-orient. Et voir ce qu’ils sont prêts à offrir et à partager me donne encore plus honte de la façon dont nous accueillons les étrangers, surtout eux, alors que nous avons beaucoup plus.

A la ferme de Gocëk, en Turquie

Ce qui m’a le plus plu pendant tout ce périple, c’est de voir des a priori se briser, des peurs être rassurées, d’autres cosmogonies entrevues en discutant avec d’autres civilisations. Ce qui m’a le moins plu c’est de me rencontrer dans différentes situations, et de voir qu’en se donnant la liberté totale et bien on ne la rencontre pas. La liberté et la prison sont en moi. Je le savais, mais je pensais être plus libre que ça. Je me suis promenée avec mes prisons et me suis confrontée à elles. Avec tout ce que j’ai appris j’ai sûrement brisé des liens et ouvert des portes. J’ai sûrement changé, mais seuls les gens qui me connaissent pourront me dire en quelle mesure. De l’intérieur je ne saurais le dire.

A Dalyan, près de Gocëk, mon plus beau souvenir de la Turquie (où j’ai passé peu de temps)


A présent je ressens et connais mieux mes prisons intérieures, et je rentre avec l’envie de les ouvrir. Au moins quelques unes. Ca on peut le faire n’importe où, même en prison extérieure. Mais ce n’est pas si facile. Et en fait je suis fatiguée de ça, parce que c’est comme être en guerre contre soi-même. Alors peut-être qu’arrêter de toujours se changer pour enfin m’accepter serait mieux. Pour le moment je n’y arrive pas.

Belles chèvres turques


Sur Facebook l’autre jour j’ai posté le lien d’un article du Gorafi, titrant « il part en voyage d’introspection au Nepal et se rend enfin compte qu’il est un connard ». Je trouve ça vraiment drôle, d’une part parce que ça défoule sur le cliché des gens qui se la pète d’aller trekker au Népal, mais aussi parce que c’est un peu ce que je vis. Le voyage m’a aussi révélé à quel point je suis conne. A la fois c’est bon de regarder ça. Mais comme je n’ai pas encore passé la phase acceptation dans le sens assumer ma connerie, et bien ce n’est pas encore confortable. Je crois que je l’accepte, parce que c’est humain et normal d’être conne. Mais je n’arrive pas encore à l’assumer face aux autres.
En fait ça pourrait être très facile : en rire, bêtasse!

Vestige antique près de Dalyan


Ah oui c’est vrai ! Là je lâche. Mais mon premier réflexe est de tout prendre au sérieux, et ma connerie inclue de ne pas penser souvent à juste rire des choses, dont moi.

Re-bref.

Oranges turques

Je suis dans un ferry direction Athènes. Je pressens un sentiment fort, quand je visiterai l’Acropole. Il y a des lieux plus forts que d’autres. Dont Athènes, je crois. Tout ce qu’il s’est passé, créé à Athènes. En Grèce en général. Je n’y connais pas grand chose, mais je ressens beaucoup. Et la Grèce antique est beaucoup citée en France ces temps-ci, comme référence de fonctionnements réellement démocratiques.

Globalement je ne me sens pas très bien. Je mets ça sur le compte de mon changement alimentaire depuis que je suis arrivée en Turquie (c’était tellement confortable l’Inde à ce niveau là). Hormis les grillades de viandes marinées, kebab, döner, etc, qui sont délicieuses (j’ai goûté une fois) mais qui ne m’attirent plus (tuer des animaux ça suffit maintenant pour mon système), et bien c’est beaucoup de fromages et yaourt, avec pain, à tous les repas. Et comme j’ai été hébergée chez l’habitant la plupart du temps j’ai mangé du pain et du yaourt à tous les repas. Le yaourt se mange en accompagnement de presque tout. Il est délicieux, comme un fromage blanc un peu yaourté.

Petit déjeuner préparé par mon hôte à Istanbul

Un vrai doner kebab (la galette de pain est sous la viande et la sauce)

Toujours est-il qu’à la longue ça me donne fatigue, angoisses, humeurs grises, confusion mentale. Et j’ai pris du poids, une femme qui prends du poids ne se sent pas bien. Bien sûr, les médecins diraient que je n’ai rien et que je suis bêtement une mode du sans gluten. Sauf que je ne suis pas une mode, j’ai expérimenté la vie avec et sans (un an de sevrage total il y a 10 ans) et maintenant je vois la différence quand j’en remange. Sur moi c’est essentiellement des effets psychologiques : je suis plus léthargique, moins lucide, plus anxieuse et plus dépressive avec ces produits. Et je suis au mieux en alimentation crue, végétale, incluant des produits lacto-fermentés. Et je jongle avec ces données. En voyage j’ai mangé de tout, je voulais tout connaître, et aussi me lâcher parce que j’adore goûté à tout. En Amérique du sud et en Asie c’était génial parce qu’il est facile de manger sans gluten ni produit laitier. Mais en Europe… (en voyageant du moins, chez soi c’est facile).

Gocëk vue de la route allant à la ferme

En plus, j’ai goûté le café turc, forcément. Et à la ferme où je suis restée 10 jours j’ai bu du café tous les jours. Du nescafé. Et j’ai pu dormir quand même. Et j’ai mieux connu ce produit (même si enfant c’était café au lait au petit déjeuner ; j’ai arrêté le café à 18 ans). Pas anodin du tout. Je comprends que l’on puisse être accro. Déjà parce que je sens bien que c’est addictif, j’en ai envie maintenant. Mais aussi comment ça change les idées. Au goût c’est bon et chaleureux (c’est parce que j’avais froid et que je m’ennuyais que j’ai été attirée par le café), et puis c’est anti-dépresseur, ça donne de la joie comme le chocolat, mais pas longtemps. Très vite ça peut me donner mal à la tête, mais surtout ça me met sous tension dedans. Ca aide à me focaliser sur quelque chose, mais ça me ferme l’esprit. Un peu comme si mon esprit avait des oeillères. Ca doit être pratique pour se focaliser sur ses habitudes et ses obligations, mais ça handicape pour explorer de nouvelles pistes. C’est mon ressenti. Et ce ne doit pas être facile de s’en défaire, mais ça vaut le coup, parce que sans je me sens plus libre. En tout cas, je ne le prend pas comme une habitude, mais je pense qu’à l’avenir je m’en servirai comme un outil très ponctuel. Pour le goût chaleureux la chicorée c’est très bien aussi, et inoffensif.

Mini-mosquée à Izmir

Par ailleurs, en voyage j’ai fais peu de sport. Mes problèmes de poumons en Amérique du sud et d’épaule en Amérique du Sud et Asie m’empêchaient de faire des treks ; j’ai très peu bougé en général, juste des longues marches parfois. Et physiquement je me sens aussi empâtée et raide pour ça.
Va falloir que je me fasse un programme de remise en forme quand je serai sédentaire.

Izmir

Après deux jours à Athènes je vais rejoindre une ferme bio près de Corinthe, pour du volontariat. Je pense y rester deux semaines, et puis me diriger vers l’Italie. Je ne pense pas faire de volontariat en Italie. J’aimerais m’arrêter à Naples, Rome, peut-être Venise, peut-être un ou deux autres endroits, et puis arriver en France. Je pense par contre m’arrêter une, deux, quatre semaines quelque part en France, pour me poser à nouveau, me reposer de la traversée de la Grèce et Italie, reprendre contact avec la France.

A Dalyan

J’ai hâte de rentrer à Brest, mais j’ai un peu peur aussi. Emotionellement. Alors je vais essayer de ne pas arriver trop en vrac.

Voila chers lecteurs.

Merci de m’avoir suivie jusqu’ici.

A plus tard pour au moins un épilogue, peut-être précédé d’autres dires et vagabondances humaines.

Avec Ipek (ça veut dire Soie, en turque), qui m’a divinement reçue en Couchsurfing à Istanbul