Malaisie, la découverte

Classé dans : Articles, Tour du monde 2017-19 | 0

Auparavant, je n’aurais pas su situer la Malaisie sur une carte. Bon, faut dire que je n’aurais pas su situer précisément la plupart des pays du sud-est asiatique sur une carte. La Malaisie, je savais que ça existait, c’était à peu près tout. Ce n’est pas une destination phare, pas un pays dont on parle beaucoup. En arrivant je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais j’avais appris où ça se situait grâce à mon meilleur assistant cartographique : l’application Maps.me (voir l’info, Ici)

Ma première étape a été Kuala Lumpur, la capitale. Juste pour une nuit, d’abord. Le temps de savourer la vie des rues qui étaient enfin vraiment vivantes à côté de celles de Singapour, rieuses et tristes, belles et moches, propres et sales, etc. Ici aussi trois grandes cultures se côtoient ; les malais, les chinois et les indiens. Chinois et Indiens peuvent être nés en Malaisie mais comme les communautés se mélangent peu ils continuent de se qualifier selon leur pays d’origine. Et ainsi, dans toutes les villes il y a des quartiers chinois, des quartiers indiens, des quartiers malais et des quartiers où tout se mélangent. J’ai beaucoup apprécié le multiculturalisme de la Malaisie et la tranquillité dans laquelle la cohabitation se fait au jour le jour. La première conséquence, une des plus importante assurément, c’est la diversité et la déliciosité des cuisines (j’aime inventer des mots). Déjà que chacune de ces cultures savent jouer avec les épices et les saveurs, alors mises les unes à côté des autres c’est une immense palette de choix et de voyages pour les sens gustatif, olfactif et visuel.

Etal de fruits, comme on en voit partout en Asie. Ici les gens aiment encore les fruits.

Jalan Alor, la food street la plus connue de Kuala Lumpur. On y trouve restaurants, cuisine de rue, fruits, cocos fraiches, etc, de tout. En un peu plus cher qu’ailleurs, parce que c’est touristique. Mais ça vaut le coup pour voir la diversité des plats proposés, et ça reste peu cher par rapport aux pays occidentaux.

Petit autel dédié à Ganesh, mon dieu indien préféré.

Le lendemain de mon arrivée à Kuala Lumpur (KL pour les locaux) je suis allée dans une petite ferme à 35 km de là, pour deux semaines de volontariat. Elle était annoncée comme ayant des pratiques « holistiques » et d' »agriculture naturelle ». Mouais, dans les vœux. En fait, c’était encore des débutants qui apprenaient sur le tas et qualifiaient leur activité selon ce qu’ils voudraient qu’elle soit au lieu de ce qu’elle était réellement. C’est très courant. Et en fait, peut-être faisons-nous tous cela avec nos activités et nos identités quotidiennes. Ne pas regarder ce que nous créons et propageons réellement dans nos vies et dans le monde, et avoir en tête notre modèle, notre idéal, en se leurrant qu’on l’incarne à plein temps. A méditer.

Entrée de la petite ferme, avec la grosse voiture de Fook devant

Il est certain qu’ils n’utilisaient pas de pesticides de synthèse. Ils apprenaient des trucs de l’agriculture traditionnelle locale auprès d’autres agriculteurs/jardiniers bio. Mais c’était un peu au pifomètre, ils n’étudiaient pas sérieusement les choses, en particulier la base : l’agronomie. Les sols n’étaient pas soignés, lessivés par les pluie, brûlés par le soleil. Et les animaux ne sortaient pas, même les chèvres restaient dans un hangar. Les poulaillers étaient surchargés. C’était sale et pas très bio, en fait.
Les propriétaires étaient deux amis qui se connaissaient depuis l’enfance, ayant habité le même village. L’un (Fook) était chinois et avait quitté son travail d’informaticien dans une banque un an auparavant pour se consacrer à la ferme. L’autre (Simon) était indien, travaillait toujours au service des ressources humaines dans la même banque où travaillait auparavant son ami et projetait d’arrêter également bientôt. Ils avaient la cinquantaine et leur projet était intéressant. Leur principale motivation était de fournir des produits bons pour la santé, à savoir des fruits et des légumes, mais aussi (et en fait surtout) des poulets, des canards et du lait de chèvre. Figurez-vous que le lait de chèvre aide à guérir du cancer. Pas à lui tout seul, mais en parallèle d’un régime alimentaire sain. Un verre de lait de chèvre par jour apporterait à l’organisme des composants que les tumeurs n’aiment pas. Je n’ai pas creusé l’affaire, parce qu’à mon avis les jus de légumes fraîchement pressés sont beaucoup plus sains que le lait, fusse-t-il de chèvre. Mais pourquoi pas. En tout cas ils avaient des exemples à fournir sur des clients et amis ayant eu de miraculeux résultats avec le lait de chèvre.

Canards et bananiers

Petit étang faisant réserve d’eau à la saison sèche

Vu sur le lac de Batu Arang, ville connue car on y a extrait du charbon pendant longtemps

Ils avaient trouvé un bon filon pour écouler leurs produits : une clinique de médecine chinoise de KL (Kuala Lumpur) qui, tout en soignant leurs patients, donnait des cours à ces derniers pour leur apprendre à bien se nourrir. Tout commence par ce qu’on donne au corps. Et outre la nature des aliments conseillés, leur origine biologique était plus que hautement recommandée. Or, trouver de tels produits en Malaisie n’est pas évident ; la clinique cherchait donc de l’approvisionnement pour ses propres clients. Fook et Simon avaient proposé leurs produits, qui avaient fait l’objet d’analyses par la clinique avant d’être acceptés. Ainsi, leur débouché était assuré.

Molinga, arbre dont les feuilles ont mille vertues

Feuilles de molinga

Mais ici intervient un autre problème : l’approvisionnement.
Et là ça clochait.
Comme ils vivent tous les deux à KL, ils ne peuvent pas manager vraiment ce qu’il se passe sur la ferme. Kook fait la route tous les jours et il arrive vers 10h30 pour préparer les commandes, faire un petit tour, donner des instructions et repartir vers 14h00 pour faire les livraisons. Comme Simon travaille il ne vient que le samedi.

Sur place, une famille (un couple et deux enfants) et deux hommes, tous réfugiés du Myanmar. Les adultes sont salariés pour faire le travail, habite la maison et peuvent bénéficier des productions. Le problème c’est qu’ils ne font pas grand chose. Les instructions, ils ne suivent pas. Le jardin est presque vide, la pépinière aussi, pas de suivi dans les cultures, pas de soin à la ferme en général, les animaux sont nourris vite fait sans différencier les poussins des adultes. C’est sale, en bordel, pas suivi. Et ils savent que Fook et Simon ont besoin d’eux donc ils s’en foutent (c’est ce que dit Simon). Dans la maison c’est à peu près rangé, mais les murs et les portes sont vraiment crades, pas d’entretien global. Ils ont des vêtements gratuitement je pense, à profusion parce qu’ils se changent plusieurs fois par jour, n’ont pas de tenue dédiée pour le travail et utilisent aussi bien de beaux vêtements pour travailler, la machine à laver tourne tous les jours. Pas d’économie, pas de soin à ce qu’on leur offre.

La maison

Simon et le père de famille myanmar (j’ai oublié son prénom, la honte)

Lulu (loulou), 7 ans, nés dans un camp en Thaïlande elle n’a jamais connu son pays d’origine. Elle parlait un peu anglais, elle apprend avec son père, qui lui apprend avec son oncle qui vit déjà en Australie.

Titibô, 3 ans, née ici en Malaisie. Toujours joyeuse et joueuse, elle est ici et maintenant, sans soucis

A côté de ça ils sont très sympas, les deux filles (7 et 3 ans) sont très vivantes, j’ai bien aimé vivre avec eux. Mais ça me fait poser plein de questions aussi, sur « jusqu’où doit-on aller dans l’assistanat ? ». Que doit-on attendre de l’aide qu’on donne ? Ca me rappelait ce que me racontait mon père, quand il avait fait du bénévolat en s’occupant d’un centre d’accueil de réfugiés du Kosovo. Il avait été dégoûté par le comportement de la plupart du groupe, qui ne respectait pas le logement qu’on leur donnait, se plaignait de ne pas avoir de maison à eux, voulait un travail, un téléphone portable, voulait qu’on leur serve tout sur un plateau sans aucun effort de leur part pour prendre soin de ce qui leur était donné. Je crois qu’il n’y avait qu’un couple qui participait vraiment au processus d’aide et y mettait du sien, pour se faire une place en France.

Ces réfugiés du Myanmar attendaient une réponse pour pouvoir partir en Australie. Je crois qu’il se foutaient du reste. Mais savaient-ils qu’en Australie ils ne pourraient pas fonctionner comme ça ?

Papayer, sans compost, ils ne faisaient pas de compost…

Petit verger, planté assez serré, sans mélanger les variétés, sans amender au pied… il y a des progrès à faire

Du coup, la ferme ne gagnait pas grand chose, et devait même acheter dans une autre ferme pour pouvoir approvisionner leurs clients. Simon projette d’arrêter son travail l’année prochaine et de venir vivre sur place, je ne vois pas comment ils pourront s’en sortir sinon. Pour moi, il fallait mettre les salariés devant leurs responsabilités : faire le travail ou se retrouver sans rien. Ce n’est pas les mettre à la porte, c’est leur laisser le choix entre respecter le contrat ou prendre la porte. S’ils choisissent la porte libre à eux. Mais d’après Simon ça ne peut pas marcher, ils savent que c’est très dur de trouver du monde pour les remplacer, ils savent qu’on a besoin d’eux. On tourne en rond.
En tout cas, j’étais bien contente d’avoir vécu tout ça et appris beaucoup. Mais aussi contente de partir.
Direction KL pour quelques jours, visiter, et écrire mon article sur Singapour.

Un soir, il ont tué un python qui avait trouvé la voie du poulailler

C’est beau, un python argenté

J’ai bien aimé KL. On sent une ville en transition, il y a des travaux partout, pour refaire des rues, développer les lignes de train/métro, rénover des bâtiments. Elle est toute en contraste, avec des quartiers qui n’ont rien à envier à Singapour et d’autres pauvres et délabrés. Entre les deux, des quartiers juste normaux, certains plutôt indiens, d’autres plutôt chinois, tous plutôt tranquilles où je me sentais à l’aise.
Le seul côté un peu pénible c’est que ce n’est pas vraiment conçu pour les piétons. Des grands axes traversent la ville et, avec les travaux en plus, les balades d’un quartier à l’autre ne sont pas toujours agréables.

Chinatown de Kuala Lumpur

Immeubles modernes dans le quartier financier. Tous les quartiers dits « moderne »du monde, avec des hauts grattes-ciel, sont les quartiers financiers des villes en question.

Rue banale de KL

Au loin on voit les twin towers de KL

Vue depuis ma chambre Airbnb

Batu Cave, temple hindou très visité

Ca grimpe

Dans la grotte (cave en anglais)

Les macaques sont souvent présents dans les temples, sauvages, mais bénéficiant d’avantages secondaires à côtoyer les humains (miam miam).

Ensuite, je suis allée à Penang, une île de la côte ouest, au nord de KL. Elle est connue des circuits touristiques, avec notamment Georgetown classée par l’UNESCO pour son architecture coloniale. C’est aussi le paradis des gastronomes, ici les cuisines du monde dont j’ai parlé plus haut se retrouvent concentrées et encore plus mises en valeur pour le tourisme. Little India (nom donné partout aux quartiers indiens, comme China town est donné aux quartiers chinois) est multicolore et très vivante, pleine d’odeurs et de musique qui me donnaient hâte d’arriver en Inde.

Rue de Georgetown

Il y a pas mal de jolis graph dans les rues de Georgetown

Vue depuis Penang Hill

La douche arrive

Style colonial de Georgetown

Les sdf ont besoin de beaucoup moins d’affaires sous les tropiques. En Malaisie, pays musulman, c’est très mal vu d’être torse-nu pour un homme. Il est évident que cet homme est marginal, car en plus il était sale et dénotait complètement. Par contre, en Thaïlande et au Cambodge il est fréquent de croiser des hommes avec juste un paréo autour de la taille, ce ne sont pas des sdf.

Enormes jack fruits, fruits du jacquier, très très très délicieux

Ca a aussi été une aventure humaine, car j’ai séjourné en Couchsurfing chez un gars d’origine indienne mais qui est né et a grandi à Penang. Très bizarre le type, pas causant du tout, répondant à peine aux messages, et à côté de ça très accueillant, me laissant sa maison comme je voulais, m’emmenant à tel ou tel endroit, m’invitant au resto plusieurs fois pour me faire découvrir différents plats. J’avais du mal à le saisir au début, je le trouvais même très incorrect, mais j’ai appris à le comprendre et à l’apprécier. A la fin je le charriais aussi beaucoup et en fait on a pas mal rigolé.
Je suis restée 5 nuits chez lui et j’aurais pu rester plus, il aime offrir ses pièces libres aux voyageurs et il m’a dit de revenir quand je voulais. Il a plus de 200 références sur son profil !
Un bon souvenir.

Mon hôte Ziggy, il était d’accord pour la photo mais ça ne l’a pas empêché de continuer à regarder le clip à la tv. Ce coup là on a mangé du poulet tandoori avec des chapatis : pain plat en face de moi, cuits sur une plaque, contrairement aux naans qui sont cuits dans un four en terre. J’en ai appris de trucs.

Maison abandonnée qui avait un certain cachet dans la nuit

J’ai aussi visité le Parc National, enfin une partie car plusieurs sentiers étaient fermés à cause de la pluie. Je n’ai pas adoré plus que ça. Mon seul souvenir mémorable est la rencontre avec un singe que je n’avais jamais vu auparavant. Je suis arrivée sans qu’il m’entende, c’était touchant de le voir de dos continuer ses affaires, assis sous un arbre. Et puis quand il m’a vu il a vite grimpé dans l’arbre. J’ai juste eu le temps de prendre une photo.
Je suis rentrée plusieurs fois complètement trempée de mes excursions, j’avais le chic pour me prendre des douches de pluies tropicales. Depuis, je me suis équipée d’un poncho en plastique (qui fait encore plus transpirer) et d’un parapluie multicolore. Encombrant mais c’est bon de rester au sec.

Ca faisait aussi un moment que je ne supportais plus ma tête dans la glace, surtout mes cheveux tout vieux tout sec tout moche. Alors à Penang je suis allée chez le coiffeur pour tout coupé. Ca m’a fait du bien. Je ne me reconnais pas devant la glace, mais au moins ça change. Du nouveau peut venir.

Dans le quartier chinois

Visite d’un temple boudhiste près de chez Ziggy

J’aime les dragons

Bouddha couché

Urnes funéraires

Après Penang, je ne savais pas trop quoi faire. Il ne fallait pas que j’arrive trop tôt en Thaïlande parce que sans visa on ne peut y rester qu’un mois. Or, comme ma sœur devait me rejoindre à Bangkok le 16 décembre et qu’on y resterait 2-3 jours avant d’aller au Cambodge, il fallait que j’attende au moins le 19 novembre pour entrer.
Depuis Penang j’avais envoyé plusieurs demandes pour refaire du volontariat, en visant plus au nord pour me rapprocher de la Thaïlande. L’île Langkawi m’attirait pas mal, elle a l’air plus belle que Penang et la Nature me manquait après plus d’une semaine de vie urbaine. Mais je n’ai pas eu de réponse positive.

Vu! Vendeur de coco fraîche, allons-y!

Dans le Parc National

Dans le Parc National

Dans le Parc National

Pas vu

Vu! Qu’il est beau…

Comme j’avais aussi entendu parler de Cameron Highland, une région plus en altitude qui offre de jolis paysages de champs de thé, j’ai cherché de ce côté là. Et j’ai trouvé accueil dans une entreprise d’aventures, organisant des excursions de randonnées, de rafting, de caving (exploration de grottes), etc. Elle est installée à Gopeng, sur un grand parc avec plein de bungalows et dortoirs, pouvant héberger jusqu’à 200 personnes. Leur principale clientèle sont des classes scolaires qui viennent y faire des séjours nature, avec périodes de cours et périodes d’aventure dans la Nature. Les volontaires font un peu de tout, mais surtout nettoyer les locaux (dortoirs, douches et toilettes), de la peinture, s’occuper du jardin, de l’aide en tout genre. En échange on est nourris et logés, et on a une sortie offerte de temps en temps.

Le coin du personnel, on était logé dans des containers empilés

L’entrée de notre container

La chambre

Bungalow « tree house », autant dire que c’est un peu l’arnaque, on est loin de la cabane dans un arbre

Parterre de plantes aromatiques que j’ai réalisé

Rivière dans laquelle on pouvait se baigner. Mais je ne l’ai fait qu’une fois, parce qu’elle n’était pas très rafraichissante, et comme on ne peut pas se balader en maillot de bain il fallait s’habiller sur le maillot mouillé pour retourner à la chambre, de quoi être à nouveau en nage : autant aller sous la douche.

Ainsi j’ai pu faire ma première sortie rafting ! J’avais les boules, mais en fait après être tombée deux fois du pneumatique et avoir bien rigolé je trouvais que ce n’était pas si terrible que ça et j’essaierais bien une section plus compliquée !
J’ai fais deux visites de grottes également, une avec ce centre nommé Nomad Adventure et une par moi-même dans une grotte très visitée non loin de là : Tumpurung. Cette dernière est la plus grande grotte, non pas du pays, mais de la péninsule. Car la Malaisie couvre aussi une grande région insulaire.

Valeska et Ilia, en route pour la grotte

Bonne ambiance

Je descend dans les profondeurs… mais non, ce n’est pas profond 🙂

A la queuleuleu

Cette grotte a servi de planque et réserves pour les armées communistes, elles y gardaient aussi des prisonniers et vivaient dans le noir. On y trouve encore des inscriptions

Très bon guide. On s’est greffé à un groupe de chinois en vacances en fait, c’était rigolo

L’équipe chinoise

En attendant le grand saut, en tyrolienne

Campagne autour du camp

Je vais encore me prendre une douche

La grotte Tumpurung, la très grande, ouverte au public. J’ai fait le circuit de 4h, a se balader et ramper dans les galeries, magnifique.

Les repas étaient délicieux, on les prenait dans une petite cantine au coin de la route, tenue par Maya et sa fille Nana. Il y avait une sorte de buffet avec plein de trucs différents (légumes, poulet, poissons) cuisinés de différentes façon chaque jour. Le soir c’était nouilles ou riz frit avec les restes de légumes et poulet. Au bout de trois jours je ne prenais que les déjeuners parce que je commençais à prendre du poids à vue d’oeil. Du coup j’allais de temps en temps avec Maya faire des courses le soir (elle fait ses courses tous les soirs pour le lendemain) et j’achetais des légumes et des fruits pour me faire des dîners plus légers. J’aimais bien ces moments où je plongeais dans la vie locale avec elle.

Chez Maya et Nana

Nana aux commandes de son scooter. Cette photo est dingue, non pas parce qu’ils sont 4 sur le scooter, c’est comme ça partout en Amérique du Sud et en Asie. Mais quand on sait que Nana est enceinte, qu’elle a passé le terme mais que le bébé ne veut toujours pas sortir, et qu’elle mène sa vie comme si rien était (travailler au restaurant, aller ici et là, etc), je trouve ça dingue. Surtout, toujours avec son joli sourire tout en douceur, tout le temps.

Et puis lors de ce séjour j’ai surtout fait la rencontre de Valeska et Ilia, deux autres volontaires arrivés en même temps que moi. Valeska est une jeune allemande de 31 ans, qui s’est lancée dans un voyage d’un an depuis l’Allemagne. Elle a quitté son travail et son compagnon a été accepté qu’elle parte vivre son voyage, il l’attendrait. Elle est plus à l’aise que moi car elle voyage beaucoup en autostop et campe souvent dans la nature pour se loger. Et elle fait aussi du volontariat et du couchsurfing.
Ilia a fêté ses 21 ans pendant le séjour, c’est un gars vraiment atypique et très chouette. Il est canadien, né en Russie d’une famille Camerounaise et a déjà beaucoup voyagé dans le monde depuis ses 17 ans. Si on lui pose la question de qu’elle est son identité vraiment, il se sent camerounais avant tout. Il a vécu une partie de son enfance au Cameroun avant que ses parents repartent, cette fois-ci pour Vancouver. Et ses meilleurs souvenirs, là où il s’est senti le mieux, c’est dans ce pays d’origine. Par contre, il ne se sent pas du tout canadien, il veut devenir européen et je pense qu’il y arrivera. Il a cette décontraction, ce sourire et cette sympathie que beaucoup d’africains ont et qui lui ouvrent les portes. Il voyage presque gratuitement ; stop, volontariat, et dans les transits il demande à des restos ou boulangeries s’ils n’ont pas de la nourriture en trop à jeter ; il se retrouve avec des festins dans des sacs, gratuitement.
J’ai beaucoup ris avec eux, c’était vraiment sympa. Il y a eu deux autres jeunes allemands de 19 ans à arriver quelques jours après, un binôme assez drôle et en même temps tire-au-flan et pas partageur alors moins agréable dans une équipe.

En route pour le rafting, avec Roman et Mika, deux autres volontaires allemands, et Valeska qui prend la photo

En pause pendant la descente de la rivière, le plus « dur » est fait et on continue de s’amuser

Un jour après le travail une autre fille de Maya qui travaille au centre nous a invité à aller manger un roti. Non, ce n’est pas un bout de viande rotie. C’est une sorte de crêpe en fait, mais très fine, ils la travaille à la main comme une pâte à pizza puis la mette sur une plaque très chaude. Il y en a nature, au beurre, au fromage, aux bananes, aux oignons, à tout ça mélangé, etc. C’est tellement rapide qu’on ne voit pas se qu’il fait.

Roti en train de cuire

Notre hôte, son frère et son cousin qui nous ont conduit en moto

Roti nature qui se mange avec une sauce à l’indienne. D’ailleurs je pense que les rotis viennent d’Inde

On rentre, deux par moto, heureusement.

On a fait une surprise à Ilia pour son anniversaire, avec plein de gâteau (c’est un lichouz puissance 1000). Avec nous deux employées du centre, une anglaise et une australienne.

C’était pas très bon, en fait. Très sucré et peu de saveur.

Valeska et moi avons décidé d’aller à Cameron Highland ensemble en quittant ce camp, d’y passer quelques jours avant de se séparer pour suivre nos routes différentes. Ilia était déjà parti là-bas pour faire du volontariat dans une auberge de jeunesse. Nous, nous avions contacté un hollandais pour être hébergées en couchsurfing. J’étais remotivée pour faire du stop et on est arrivées assez facilement à Tanah Rata. Par contre, sur la route j’ai un peu déchanté en voyant les paysages de serres et de cultures intensives de légumes. Sur les hauteurs le climat est propice au maraîchage et fruits rouges : la région exporte des légumes et des fraises dans tout le pays et sur Singapour, peut-être ailleurs aussi.

Culture de radis blanc. Je n’ai pas de photo des paysages de serre, pour donner une idée ça faisait penser à la région d’Almeria en Espagne, en plus petit.

Culture de Lemongrass, très utilisée dans la cuisine de tout le sud-est asiatique

Le gars qui nous hébergeait travaillait dans l’agriculture, mais bio apparemment. Je n’ai pas trop creusé la question parce que je n’avais pas envie de creuser ça avec lui. Là où je tilt c’est que j’ai compris que c’était des cultures hydroponiques, en milieu très contrôlé. Ce n’est pas ma définition du bio. C’est la nouvelle bio, pas écolo. Sa boîte ne fait surtout qu’exporter, beaucoup sur Singapour, parce qu’il n’y a pas de clientèle en Malaisie : trop cher et pas encore dans la culture d’acheter bio. C’est ce que me disaient Took et Simon également. Et je me souviens qu’effectivement, quand je voyais des légumes bio sous vide à Singapour ça venait de Malaisie.

Cottage malaisien

British tea time in Malaisia (c’est de la crème dans la coupelle, à côté de la confiture à la fraise)

Je n’ai pas cherché à discuter avec lui parce que je n’ai pas senti d’ouverture. C’était intéressant de découvrir son monde, mais il n’était pas très ouvert aux autres ou plutôt moi je ne l’intéressait pas du tout : Valeska était jeune, jolie, bavarde, faisait de la moto, buvait de l’alcool et fumait. J’étais vieille, pas bavarde, ne fumait pas et ne buvait pas. Or, lui, était fumeur et alcoolo du soir. Le cadre plein de responsabilités qui en rentrant vers 18h se sert des verres de vin en écoutant de la musique pop à fond, pareil au repas, et se finit au whisky en jouant au billard dans un petit troquet où il se sert comme il veut. Tous les soirs. Je ne pouvais pas jouer au billard parce que sa règle est que quand on perd on doit boire trois shots de whisky (les femmes ont droit de choisir de la vodka). Donc, j’ai porté l’étiquette d’has been, et je lui ai donné celle de vieux beau alcoolo. C’est rigolo de voir comment on peut perdre tout intérêt auprès des buveurs quand on est non buveur. Je le sais d’autant plus que j’ai été grande buveuse et que oui, moi aussi j’ai considéré les buveurs de jus de fruit et de thé comme des pas intéressant. Retour de bâton. Et je savais aussi qu’au fond, je n’étais pas intéressante parce que par ma non consommation je ne le confortait pas dans la sienne. C’est pour ça que les buveurs ne sont pas à l’aise avec les non buveurs : ils sont remis en question, même en silence.
En tout cas, c’était une belle leçon d’hospitalité. Chambre avec salle de bain, porte toujours ouverte, on fait ce qu’on veut (dont laver et sécher notre linge), il y nous a offert les trois dîners qu’on a passé là-bas, dont deux au restos, et il a même mis sa moto à disposition.

Valeska et notre hôte au Jungle bar

En rando

Terrassement pour préparer de nouvelles plantations de thé

Feuilles de thé sur l’arbre

A côté de ça, on s’est baladé et les paysages étaient très intéressants. Le premier jour on a juste fait un tour autour de la ville et j’ai été surprise par l’ambiance celtique de la forêt. En faisant abstraction des espèces végétales j’aurais pu me croire en centre Bretagne ou au Royaume Uni. Le caractère british se retrouve d’ailleurs dans beaucoup de maisons, et quelques salons de thé servent des scones : nous nous sommes régalée.
Nous avons aussi fait une rando avec Ilia dans les plantations de thé. Valeska est partie un jour avant moi et avant de prendre son bus elle m’a amenée en moto dans une autre vallée à thé. On s’est quitté au milieu des champs et j’ai continué la balade de mon côté. Ca faisait bizarre de se retrouver seule après plus de deux semaines à partager mon temps avec elle. Mais ça faisait du bien aussi de reprendre ma route. La balade à été très belle ce jour là, mieux qu’avant, et je me souviens de me sentir vraiment bien dans ce décor tout en rondeur. J’ai grimpé sur les hauteurs jusqu’à Mossi Forest, la plus vieille forêt de Malaisie, une belle ambiance.

C’est parti pour une dernière virée (pas très confortable pour les passagers)

En avant plan une des maison qui logent les travailleurs des champs de thé : des bangladais

Les arbres sont plus petits que je pensais. On les tailles toutes les 3 semaines environ pour récolter les nouvelles pousses

Il y a des chaos rocheux un peu partout

Ca couvre les vallées

Les zones marrons ont été taillées il y a peu, à la machine. La cueillette à la main ne se fait que dans les zones très en pente, où la machine n’est pas utilisable. Ensuite il faut trier car la récolte comporte aussi des bouts de branches, du coup.

La pluie peut venir, maintenant j’ai un parapluie

Mossi Forest dans la brume

Mossi Forest dans le soleil

Vue depuis Mossi Forest

Le lendemain j’ai fait du stop jusqu’à Ipoh, la grande ville d’où j’avais un bus pour la Thaïlande le surlendemain. La dernière personne à me prendre en stop a été un riche retraité qui était en train de passer son entreprise à ses fils. Il passait ses matinées à la boîte et il était sur la route du retour. Il m’a invitée à déjeuner à son club : endroit très bourgeois avec piscines, terrains de tennis, de squash, de badminton, etc et des salles de restos. Il m’a fait tout visiter puis on a déjeuner. Quelque fois on se retrouve à vivre des trucs qu’on ne comprend pas trop pourquoi ça arrive.

Ce soir là, après avoir déambulé dans la ville qui est assez jolie, j’ai à nouveau logé en couchsurfing dans une famille malaisienne, musulmane. C’était très chouette parce que très spéciale, je ne savais pas comment me comporter, etc. J’aime ces moments, non pas parce qu’ils sont inconfortables mais parce que ce sont les premiers pas de vraies rencontres entre cultures et façons de vivre différentes. Ils m’ont invitée au resto, un truc bon marché mais un peu classe pour eux : un resto à hamburgers. C’était un truc bizarre, un steak de poulet, avec des frites, le tout imbibé, noyé sous une sauce au poivre. Quand-on-n’aime-pas-trop-ce-qu’on-mange-mais-qu’on-dit-que-c’est-très-bon-avec-reconnaissance-pour-ce-repas-offert, parce que oui, j’étais contente de partager ce bout de vie avec eux.

Zaphran et sa famille. Il rêve de voyager, mais c’est moins facile pour eux, nos pays sont tellement chers. Il rêvait de faire du surf et la semaine dernière il a accomplie son rêve, je l’ai vu sur son compte Instagram. Par contre les rêves de Zaphira, son épouse, on n’en parle pas. Il y a une hiérarchie évidente, peut-être pas dans les relations, mais dans les rôles. Quand il y a de l’argent de côté c’est pour ses projets à lui. A la maison il est servi. Il me faisait penser à un ado, très sympa, mais pas adulte. En partant je lui ai tendu la main et non, même ça il n’y a pas le droit avec sa religion, juste salut de la main.

Le lendemain j’ai pris un bus pour la Thaïlande. J’avais trois semaines pour arriver à Bangkok et accueillir ma sœur Hélène. Le temps de visiter un peu le sud du pays, réputé pour sa splendeur… à suivre 🙂

Photos d’Ipoh :

La gare

Il y a des endroits qui sont les mêmes dans toutes les villes du monde, ce sont les centre commerciaux. Aseptisé, insipide, mais propre, frais et sécurisé. On sait ce qu’on va y trouver et en plus en y était on est comme les gens bien vus à la TV. On achète, on mange, on fait partie du monde. Et on y fête halloween, pâque, noël, même quand le pays est musulman, bouhiste et/ou hindou. Là on voit que tout ça est du foutage de gueule.

Heureusement, on trouve aussi, encore, des magasins d’autres modes que la mondialisée