Singapour, no poor

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Quelle ville étrange.

Elle m’a fait du bien. La propreté m’a fait du bien. La sécurité m’a fait du bien. Le confort de l’appartement que j’ai gardé pendant deux semaines m’a fait du bien. Me poser m’a fait du bien.

Et puis aussi, elle me m’était mal à l’aise. Trop propre, trop lisse, pas une vague, pas de débordement d’aucune sorte nulle part, hormis celui de l’argent qui transpirait des boutiques, restaurants et hôtels de luxe en plusieurs endroits de la ville. La musique est quasiment absente par exemple. Passons sur l’inexistence de musicien de rue, même aucun magasin ni fenêtre de particulier ne déborde de notes sonores. Et dans un parc j’ai vu un panneau d’interdiction de jouer de la musique ». Juste quelques faibles transistors dans quelques cuisines de rue, et un mini concert en terrasse d’un restaurant sur un quai très chic. Ca change de l’Amérique du Sud, où la musique est partout, même merdique, du matin au soir, voire du soir au matin, à fond.
Les gens sont quasi inexpressifs. Vous me direz, c’est un peu typique asiatique, l’inexpression. Mais là ça faisait carrément éteint. Pas d’amusement, pas de fantaisie, nulle part.

Singapour est aussi connue pour être une ville jardin. Il est vrai que la végétation y est bien présente, par des rues boisées, des immeubles végétalisés, et de grands parcs.

Cette deuxième fresque illustre bien Singapour également. Diversité ethnique, street food, attractions

Chinatown

Little India

Quartier arabe

Ca ne faisait pas humainement naturel. Et rien ne fait naturel à Singapour. C’est un minuscule pays qui couvre une île, quasi entièrement urbanisée et ne cultivant rien. Tout les besoins matériels sont importés, et pas uniquement des pays voisins mais aussi d’Australie et des Etats-Unis. Il y fait très chaud, autour de 30°C, une chaleur humide dont je ne soufrais pas vraiment (je supporte bien la chaleur) mais qui me faisait transpirer comme une baleine. A marcher dehors je dégoulinais, littéralement. Enormément d’endroits sont climatisés : commerces, métro, galeries commerciales. Ces dernières couvrent des hectares et des hectares, sur des étages, en souterrain, les deux, partout. Elles sont tout le temps pleines, ne serait-ce que pour leur températures agréables, mais je pense que le shopping est l’activité principale des singapouriens. Tout est moderne et propre. Quand on y est et qu’on pense à Paris, ça fait penser à pays sous-développé.

Singapour est un des plus grand port du monde, peut-être le plus grand, je ne sais plus. Des dizaines de bateaux attendent devant la côte.

Je n’ai pas vu de mendiant, et très très peu de personnes ayant l’air pauvre. Est-ce qu’une ville sans pauvre apparent, sans petit vendeur de rue, sans artiste spontané, est naturelle ? Je ne crois pas. Ca devrait être normal pourtant, il ne devrait pas y avoir de pauvre, de gens devant grappiller quelques pièces en vendant des mouchoirs en papier, les rues devraient propres partout, alors pourquoi ça me dérange? C’est que je doute qu’on soit en zone super humaniste en fait. Et en me renseignant sur Wikipédia j’apprends que les lois sont très strictes à Singapour. Non seulement elles sont appliquées, mais les peines sont lourdes, la peine de mort est toujours appliquée. Les chewing-gums sont interdits par exemple, c’est vrai que ça aide à gagner en propreté ! Les durians sont interdits dans les transports en commun, certains hôtels et lieux publics (c’est un fruit typique d’Asie du sud-ouest, très bon, mais qui pue). Les drogues sont interdites et leur consommation sévèrement punies. La drague de rue aussi, il paraît que des touristes européens se font arrêter régulièrement pour avoir ouvertement fait des avances. Les grèves sont interdites, ainsi que les manifestations sans autorisation.
Politiquement, c’est le même parti qui gouverne depuis l’indépendance en 1965, en démocratie autoritaire ou dictature bienveillante. L’idéal selon certain. Pour la sécurité et la propreté peut-être. A y vivre c’est quand même assez chiant.

Garden of the Bay, un immense parc qui fait un peu science-fiction. Ces espèces de chépaquois sont illuminés guirlandes rouges la nuit, c’est impressionnant de jolie irréalité.

Ces fleurs bizarres, immenses, me fascinent

Début d’un kilomètre de balade parmi les arbres

Mur d’orchidées

Avec cinq millions et demi d’habitants Singapour est le deuxième pays le plus dense du monde, après Monaco. Les trois quarts sont chinois, les malais (autochtones d’origine) ne sont que 13%, les indiens 9%, les européens 3%. Un peu partout il y a des food courts, des endroits couverts avec plein de tables et de chaises, entourés de boutiques vendant des plats. Il y a de tout au même endroit, des cuisines de toute l’Asie. On achète un plat et on s’assoie où on veut. On peut aller prendre autre chose ensuite. C’est pas cher du tout, on peut manger pour 3 euros, ce qui est exceptionnel à Singapour. Dans un restaurant, même pas chic, on paie beaucoup plus cher. Pour mon anniversaire je suis allée manger sur les quai, waouh ! 50 euros pour un plat et une boisson, et ce n’était pas meilleur, et c’était moins fournis. Beaucoup de trucs c’est du flan en fait. Je pense qu’avant, de mon temps, quand j’étais jeune (ohlala, la vieilllle!), il y avait plus de lien entre le prix et la qualité réelle du produit. Maintenant le prix est lié à l’image que le produit offre. Et les quais c’est chic, contrairement aux food courts populaires.
Vive le peuple.

Sur les quais by night

Curry de crevette

Jeu de lumières tous les soirs

Ca construit encore et encore

La réussite économique de Singapour est fulgurante et attire de nombreux entrepreneurs. Il faut dire que l’Etat les aides énormément en subventionnant des investissements sur le matériel par exemple. J’ai vu un documentaire sur un français ayant créé sa boutique de thé, avec vente à l’internationale, sa machine pour empaqueter joliment les produits lui a coûté plus de 2 millions mais a été subventionnée à 30% par l’Etat singapourien. En 2009 Singapour avait la plus forte densité de millionnaires par habitant ; j’ai lu 1 habitant sur 5, mais ça me semble beaucoup quand même, non ?
L’éducation est très bonne, avec des hauts niveaux. Le logement social très développé, avec une régulation des mélanges ethniques. Tout est fait pour éviter les problèmes sociaux, et ça semble bien marcher. Mais pourquoi ça manque de vie, de spontanéité? Il parait que l’autocensure est très forte, pour éviter les problèmes avec la police.

Style coloniale toujours présent en plusieurs endroits

Anciennes rues transformées en galerie commerciale climatisée

Quartier d’Orchard avenue, le quartier commercial, il paraît. Encore plus de galeries, encore plus grande qu’ailleurs

C’est quand même moche et cher non? (Gucci… goût d’chie)

Food court

On nous conseille de regarder des deux côté avant de traverser

Ce n’est pas un graff, c’est une déco

Et au milieu de tout ça, je me promenais et me reposais, prenant des nouvelles en surfant sur le net, rencontrant les mouvements qui se mettent en place pour le climat, pour changer nos habitudes, sur les réfugiés qui sont laissés noyés, etc. Ca n’allait pas, forcément, ça ne collait pas. Il y a des endroits du monde qui semblent enfermés dans une bulle, une ignorance énorme, un désintérêt des besoins de bases et de comment ils sont fournis, du fonctionnement de la planète. Ou alors je suis enfermée dans un alarmisme énorme, avec mes oeillères de biologiste que ne sait voir que la biologie, la vie en court d’évolution. Quelque fois c’est à se poser la question. Quand on roule et que toutes les autres voitures vont dans l’autre sens, il est normal d’envisager l’éventualité qu’on s’est trompé de sens. Et je me trompe surement aussi, il n’y a pas de raison.
Oui, mais … Ca ne colle pas quand même. Consommer autant, être coupé de nos sources de vie à ce point ça ne colle pas. En tout cas, pas pour moi. A l’inverse, je suis dans l’ignorance énorme du fonctionnement des mondes économiques, de la mode, de l’art, etc. Il y a peut-être des alarmes que je n’entend pas. Faut dire que la mienne elle hurle fort. Ca hurle de partout, le haut de l’immeuble à déjà commencé à s’affaisser et dans la rue on ne reçoit que quelques poussières, pour le moment.

Un bon repas végétarien

Mais oui, on peut rire à Singapour

Une petite rue sympa et colorée pas loin d’Arab street

J’aime bien l’arrière des rues passantes, c’est le bordel caché

Temple boudhiste

Temple boudhiste (un autre)

Temple hindou

Singapour, c’est une belle boîte de conserve. De conserve d’un monde voué à disparaître, et qui tuera tout ce qu’il peut, humains compris, pour que ça arrive un peu plus tard que prévu.

Et puis zut à la fin, si les gens veulent péter un coup, chanter une chanson, vendre des bananes sur le trottoir, qu’ils le fassent. Ok ça peut créer des débordements émotionnels et des rencontres sans anesthésie, mais merde, c’est la vie.

Allons en Malaisie.
Poil au …

Fin du diaporama :

Des téléphériques permettent de rejoindre l’île Sentosa. On peut aussi y aller à pieds, en bus ou en voiture.

L’île Sentosa c’est comme un parc d’attraction géant, en plus des galeries commerciales et des restaurants.

Ile Sentosa

Ile Sentosa

Plage sur l’ïle Sentosa

Oui, il y a des vaches en liberté à Little India

Ecole d’Art

Pas loin de Tao Paoh, où je logeais

Zénitude

Ch’est bin vlai cha