De Leticia à Manaus – Joie et déconfiture

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Se rendre à Leticia pour prendre un bateau pour Manaus est un trajet connu chez les voyageurs, en particulier les backpackers qui vadrouillent en Amérique du Sud. De ce fait, on peut trouver des informations sur des forums ou des blogs. Mais pas forcément précises. Personnellement, j’ai du regrouper plusieurs sources pour savoir à peu près comment ça se passe, ce qu’il faut prévoir et les formalités à ne pas rater. Il faut dire que j’avais peut-être vu un peu court ; j’arrivais à Leticia un mardi pour prendre le bateau le lendemain, ce qui me laissait peu de temps pour remplir les dites formalités. Or, quelques jours dans cette ville peut être agréable. Il y a pas mal de tours organisés pour des excursions en forêt (dont des camps de plusieurs jours), visite de villages, etc.

Pour arriver à Leticia je n’ai pas trouvé d’autres point de départ que Bogotà, contrairement à ce que j’ai pu lire. Si vous partez d’une autre ville vous irez d’abord à Bogotà pour prendre la correspondance pour Leticia. Le tarif le moins cher que j’ai trouvé était à 70 euros (deux semaines avant le départ) ; je pense qu’on peut avoir un billet moins cher mais en s’y prenant encore plus à l’avance. Ou alors en l’achetant directement sur place ? Je ne sais pas, je n’ai pas voulu prendre le risque, j’ai utilisé le lien donné par Rome2Rio.
L’avion arrivait à 14h, j’avais donc que quelques heures pour être prête au départ.

Leticia est une ville touristique mais pas pour elle-même, pour la Nature qui l’entoure et comme lieu de passage frontalier. Les activités sont donc beaucoup tournées vers le tourisme (moto-taxis, taxis, change, tours operators, hôtels, hostel (auberge de jeunesse). Mon hostel était le plus pourri de tout mon voyage… le moins cher de la ville.

Tout d’abord, avant de quitter l’aéroport de Leticia après l’arrivée il ne faut pas oublier de passer au bureau de l’immigration colombienne, obligatoire pour avoir le tampon de sortie du pays. Mais avant ça, après avoir récupéré mes bagages, deux agents m’ont aiguillée vers une file pour payer la taxe touriste, obligatoire pour entrer dans la ville. J’en ai profité pour leur demander où se trouvait le bureau de l’immigration et, quand il ont su que je passais au Brésil pour prendre le bateau, ils m’ont laissée passer sans que je paie la fameuse taxe. Une fois le tampon de sortie de Colombie obtenu on a 24h pour obtenir soit l’entrée au Brésil, soit l’entrée au Pérou. Leticia est la partie colombienne d’une grande agglomération à la frontière des trois pays. La partie brésilienne s’appelle Tabatinga, donc le voyage en bateau est entre Tabatinga et Manaus.

Après avoir déposé mes affaires à l’auberge je suis allée directement à la police fédérale brésilienne à Tabatinga pour avoir mon visa d’entrée. En revenant j’ai voulu retirer des reales (monnaie brésilienne, un real, des reales), mais impossible. Stress. Est-ce que ma carte déconne ou est-ce j’ai dit à ma banque que j’arrivais au Brésil le 20 et non le 19 ? Il faut que je prévienne ma banque de mes sorties et entrées de pays pour qu’elle modifie les autorisations de retrait. Qu’avais-je dit ? Je suis retournée vers Leticia moins détendue que prévu ; est-ce que ça allait marcher le lendemain avant de prendre le bateau ? Sans ça je ne pouvais pas acheter le billet de voyage.

Bord de l’eau de Leticia dans le quartier le plus pauvre. Beaucoup de maison sur pilotis et de pirogues.

Bref, retour à Leticia pour acheter du répulsif pour moustiques. J’étais contente d’en trouver un aux huiles essentielles, moins nocif pour la santé. Mais je n’en ai pas eu besoin. Le bateau descend le fleuve en se mettant au milieu de celui-ci, loin du bord pour profiter du courant, et on est épargné. Peut-être que pour ceux qui font le voyage dans l’autre sens c’est nécessaire, car le bateau suis alors les rives pour avoir moins de courant (et le voyage prend un jour de plus). J’ai aussi acheté des légumes car je savais que les repas sur le bateau n’en comportaient pas. J’avais eu en tête d’acheter une moustiquaire, mais j’avais aussi vu des photos prises sur des précédents trajets par des voyageurs et j’avais remarqué que personne n’avait de moustiquaire, alors je m’en suis passée, et j’ai bien fait.

Sur le bateau il y a douches, wc avec papier toilette, eau potable à volonté. Trois repas par jour compris dans le billet qui coute 220 reales (en juin 2018) pour un voyage en hamac sur le pont (hamac non fourni). Il y a aussi la possibilité de louer une cabine privée, à un tarif bien plus élevé que je ne me rappelle pas.
Au menu tous les jours : riz+haricots+pâte+une viande en sauce+café. Il y en a suffisamment, d’autant plus que vu le taux d’inaction on mange de moins en moins au fil des jours. Par contre, prévoir de quoi se couvrir parce que la nuit il peut faire très frais, surtout quand il pleut, et il y a régulièrement un peu de vent qui traverse le pont. Mon sac de couchage était un bonheur.
Au dernier étage du bateau il y a une petite boutique qui vend des gâteaux, des glaces, des sodas. Il y a aussi un espace sport, avec des agrés pour faire des exercices.

Tout tourne autour du fleuve. Par lui les transports, les approvisionnement, la pêche.

Pas besoin d’avoir votre billet de bateau en avance, vous pouvez l’acheter le jour même. Il y a deux versions : la rapide en deux jours ou la lente en trois jours. Je n’ai pas d’infos pour la rapide, j’ai pris la lente, dont il y a deux départs par semaine : le mercredi et le samedi. Le bateau part vers midi mais il vaut mieux être là bien avance pour remplir les quelques formalités et pouvoir choisir une bonne place pour votre hamac, que vous pouvez acheter à Leticia, pour pas grand chose il paraît. J’avais récupéré un hamac de rando dans une auberge au Nicaragua, léger et prenant peu de place, donc je n’ai pas plus d’info sur les hamacs locaux. Sauf qu’ils sont bien plus grands, plus beaux et plus confortables que ceux de rando, le mien faisait sourire. Mais il était bien quand même, et au moins je peux le garder pour la suite du voyage.

Famille arrivant en ville

Toujours avec l’envie d’assurer je suis arrivée à 8h30 je crois. Il y avait déjà une vingtaine de personnes. Il faut dire que je ne m’étais pas rendue compte que mon téléphone avait changé d’heure, se mettant déjà automatiquement à l’heure de Manaus alors que Tabatinga est à la même heure que la Colombie. Bizarre. Du coup je me suis levée à 6h en croyant être 7h. De toute façon j’étais nerveuse dans l’attente de savoir si je pourrai retirer de l’argent ou pas. J’ai pris une moto taxi cette fois-ci pour aller jusqu’à la Banco do Brazil à Tabatinga. Avec en tête l’idée qu’en cas de problème il me ramènerait à Leticia pour que je tire des pesos colombien que j’irai changer en reales auprès des nombreuses boutiques qui le font. Mais la carte a fonctionné, gros soulagement !

Depuis la banque j’ai marché jusqu’à l’embarcadère du bateau qui n’est pas évident à trouver ; j’ai du demander ma route deux fois. Mais mes déambulations m’ont fait passer par le marché et c’était sympa.
L’attente peut être longue avant le bateau mais ça m’a aussi permis de discuter un peu avec ma voisine, de prendre le temps, d’observer la vie autour de moi, ce que j’aime bien faire. Si vous avez faim ou soif des vendeurs sont là avec des empanadas (chaussons fourrés à la viande ou au fromage que l’on trouve dans toute l’Amérique du sud, mais aussi en Espagne), de l’eau et des sodas. Il y avait une télévision allumée sur un match de la coupe du monde.

Attente à la gare fluviale avant d’embarquer

Lignes de bagages avant le passages des chiens renifleurs

Nous sommes entrés dans le bateau vers 10h30-11h. On nous a demandé de poser nos sacs en ligne au premier niveau puis d’attendre. Ensuite des policiers sont passés avec des chiens pour faire plusieurs fois le tour des sacs. Le Brésil lutte fermement contre la drogue, n’essayez même pas de passer un simple joint pour votre consommation personnelle.
Ensuite nous étions libre de nous installer. J’avais lu qu’il vaut mieux être dans les étages pour avoir moins de bruit de moteur alors je suis montée comme beaucoup d’autres. Le bateau n’avait que deux niveaux de dortoirs donc je ne suis pas allée bien haut. Je me suis mise vers le centre, ce qui éloigne un peu des passages latéraux. Par contre je n’avais pas fait attention qu’il y avait des prises électriques en hauteur ; ça peut-être intéressant de se mettre à proximité d’une pour recharger vos appareils. Ceci dit, aller demander à un voisin de brancher mon téléphone permet aussi de discuter un peu.
C’est assez étrange parce que le bruit du moteur ne se fait pas sentir pendant la journée, mais pendant la nuit il envahi tout ; des bouchons d’oreilles ont bien aidé à atténuer le niveau sonore.

Au premier plan mon sac à dos et mon « petit » hamac en nylon bleu

Les gens arrivent de plus en plus et installe leur petit camp de base

Une question dont je n’avais pas trouvé de réponse avant le départ : quid des bagages ? Peut-on mettre des affaires en sécurité ? (je veille surtout sur mon ordi et mon appareil photo et mes papiers). Et bien non, tout le monde garde ses affaires sous son hamac. Mais à aucun moment je n’ai senti de risque. J’avais un peu sympathisé avec mes voisins (une mère et sa fille étudiante à gauche, un couple à droite) et j’avais confiance en eux et en leur regard si éventuellement quelqu’un fouillait dans mes sacs. Mais honnêtement, je pense que personne sur le bateau n’avait ça en tête.

A partir de là, la longue pause commence. Hamac, lecture, repas au réfectoire, un peu de balade dans les étages, regarder le paysage, dormir, sieste, etc. Sebastian m’a abordée dés le début. Un vieux bonhomme qui rigolait de mon petit hamac et qui m’a aidée à l’attacher. Il ne parlait que brésilien mais on arrivait à communiquer un peu quand même. Il travaillait pour le bateau mais je n’ai pas bien compris sa fonction. Il souriait tout le temps, passait parmi les passagers, quelques fois avec des chips ou des glaces à vendre. Il m’avait à la bonne et venait souvent plaisanter avec moi, le temps de partager un paquet de chips ou de m’offrir une glace.

Sebastian et son chaleureux sourire

En même temps que la curiosité j’avais eu l’appréhension de ce voyage, parce que je n’avais jamais dormi en hamac, encore moins dans un dortoir aussi grand, ouvert à tous les vents. Or, j’ai le sommeil léger et je dors sur le ventre ou le côté. Mais en fait j’ai adoré. L’ambiance était tranquille et sympathique, très familiale. Il y avait des gens de tous les âges, du bébé aux arrières grands-parents. Je commençais à prendre des cours de portugais avec Sebastian et à me dire que vraiment, le Brésil, ça à l’air pas mal. De temps en temps le bateau s’arrêtait dans une ville le long du fleuve. Des gens descendaient, d’autres montaient, des marchandises étaient chargées et d’autres déchargées, tout ça avec un quai bondé de monde. Le passage du bateau doit être un événement.

Bout de dortoir

Les paysages était vraiment beaux, surtout dans les lumières du matin et du soir. Ici aussi je trouvais les nuages plus beaux qu’ailleurs.
Il y avait deux téléviseurs pour suivre les matchs de la coupe du monde. Un d’entre eux a mis en jeu le Brésil ; sa victoire a été le moment le plus bruyant du voyage.
Un jour Sebastian m’a expliqué (surtout en mime) qu’ils allaient pêcher du poisson et qu’il viendrait me chercher ensuite pour me les montrer. Et ils étaient énormes. Ca s’appelle des tambakis, il y en avait plusieurs et il m’en a montré d’autres dans un congélateur. Sans doute qu’ils allaient les vendre à Manaus ?

Poisson Tambaki, pêché dans le fleuve et tenu par Sebastian

Il y avait très peu d’étrangers/voyageurs sur le bateau, à mon étonnement. Un jeune couple de japonais et un trio de deux jeunes femmes et un jeune homme dont je n’ai pas réussi à identifier le langage. J’ai pu voir qu’en voyageant seule je pouvais en fait rencontrer plus de monde. Je n’ai jamais vu ni le couple ni le trio discuter avec d’autres personnes que leurs partenaires de voyage (et je les avais devant moi, leur hamac étant à quelques mètres). Voyager à plusieurs doit être super aussi, mais je pense qu’il y a alors une dimension d’aller plus loin dans la relation avec nos partenaires qui s’ajoute à la découverte du pays. En contrepartie on a moins d’opportunité de rencontrer les gens que l’on croise. En étant seule on vient plus facilement me poser des questions, on m’arrête dans la rue pour me demander d’où je viens, on vient s’assoir à côté de moi pour engager la conversation. Ceci dit, si on a plus d’interactions avec les populations locales, en voyageant seule on est globalement plus seule.

Couple de japonais

Il y a eu de belles averses. Surtout la nuit. Dans ces cas-là de grandes bâches bleues sont descendues sur les côtés du bateau pour protéger le pont et les passagers de l’eau qui entre.
Le temps s’écoule au fil de l’eau et des pages de livres qui tournent.
J’y ai fini La nausée (ouf) et ai bien entamé La condition humaine (mieux écrit mais c’est pas gai non plus). J’aurai du finir le Malraux, mais… je suis tombée malade.

Arrivée du bateau dans un village

Vie du quai

C’est aussi un événement pour nous sur le bateau

Après le déjeuner du vendredi (où je n’ai pas mangé grand chose, l’appétit s’adapte en fait, surtout face à des repas viande-féculent) j’ai eu ces sensations qui ne me trompent pas : engourdissement du corps, le fond des narines qui chauffe un peu, légères courbatures et les bronches irritées. Et m—e. Il n’y a qu’une seule solution dans ces cas là : débrancher tout. M’allonger, fermer les yeux, me reposer et laisser le corps faire son nettoyage. Le bateau arriverait le lendemain à Manaus, j’avais une chance d’y arriver en forme si je me reposais bien d’ici là. Et je voulais arriver en forme : j’étais attendue chez Balark pour trois nuits en Couchsurfing.

Pont du haut, avec les balcons des cabines de passagers en arrière plan

Je me suis donc couchée, mais sans lire (pas le cœur à ça de toute façon), et je me suis endormie assez rapidement. Peu après mon réveil en fin d’après-midi Sebastian est venu me voir mais je lui ai dis que j’étais malade et que je me reposais. Il a mis sa main sur mon front et du coup il était inquiet pour moi. Plus tard il est venu me dire que le repas était servi, mais je lui ai dit que je n’avais pas faim. Ca l’a inquiété aussi parce que, comme beaucoup de personne, pour lui il faut au contraire manger pour avoir des forces. C’est complètement faux. Digérer prend 80% de notre énergie alors enlever ça au corps alors qu’il a autre chose à faire ça ralenti le processus. Des forces ont en a assez. Il faut laisser le corps tranquille, la preuve en est qu’il n’a pas faim, il faut lui faire confiance, la faim revient quand le corps en a besoin. Les enfants ont beaucoup plus cet instinct de la diète que nous avons appris à perdre.

Paysage du bord

Paysage du bord

Paysage du bord

De temps en temps, des maisons sur le rivage

Bref, je me suis rendormie. Plus tard j’ai senti cette vibration du hamac que Sebastian fait en secouant les cordes, mais je n’ai pas ouvert les yeux. Zut quoi, j’ai besoin de repos, qu’on me laisse tranquille (désolée mais je n’étais pas bien). Plus tard encore pareil, j’ai ouvert les yeux, Sebastian était là avec un bol de Maggi soup, un truc chimique sur lequel on verse de l’eau chaude. Trop touchant ce monsieur, mais je lui ai répété que je n’avais pas faim et que je n’en voulais pas. Dans ma tête je complétais « surtout ce truc plein de sels et de saveurs artificielles », mais vraiment non, je ne voulais rien. Il set reparti un peu dépité le pauvre, mais je n’étais pas en mesure de m’occuper des autres.

La nuit s’est passée en fièvre, sommeil, courts réveils. Le lendemain ça allait mieux qu’au plus fort de la nuit, mais c’était encore là. Zut. Il me faudrait expliquer à Balark que je ne suis pas bien et que je dois garder le lit. Aurais-je dû annuler et aller à l’hôtel ? Sans doute, vu comment ça s’est passé. Mais, à ce moment là, je pensais vraiment qu’en me reposant toute cette journée et la nuit suivante je serai sur pied le lendemain. Je ne suis pas malade très longtemps quand je fais ça. D’habitude.

Donc, à l’arrivée du bateau vers 9h le samedi matin, je suis allée jusqu’à chez Balark, un peu éloigné du centre ville mais pas trop. J’ai pris un taxi parce que je n’avais pas la tête à réfléchir et être très attentive à ce qui m’entoure. L’adresse était un parc d’immeubles bourgeois, avec gardes à l’entrée. Balark m’a accueillie sympathiquement et nous avons discuté pendant une demi-heure. Il devait aller travailler quelques heures (il tient un magasin d’appareils électriques si j’ai bien compris). Je lui ai expliqué mon état et que je voulais rester me reposer pour être en meilleur état le lendemain. Sans problème. Il m’a expliqué l’appartement, m’a dit de me servir dans le frigo, de l’appeler en cas de problème. En plus j’avais une chambre privative avec salle de bain. Vraiment le luxe du Couchsurfing.

Un arbre passe sur l’eau

Je me suis installée et couchée, pour m’endormir immédiatement. Je me suis réveillée quatre heures plus tard. J’allais un peu mieux mais ce n’était pas la grande forme. Je suis allée dans la cuisine et en fait Balark était rentré et commençait à déjeuner. Il m’a proposé de me servir mais j’ai décliné car je n’avais aucun appétit. Je me suis assise et nous avons papoté, c’était sympa. Son ami/colocataire a surgit de je ne sais où à un moment et nous avons continué la discussion à trois. C’était un peu plus laborieux parce que son ami ne parle que portugais. Il était très sympa et expansif. Il m’a découpé de l’ananas, de la papaye, que j’ai mangé avec plaisir. Il me proposait plein de trucs, c’était dingue, mais seuls les fruits me tentaient. Au bout de deux heures nous nous sommes dispersés et je suis retournée me coucher.

Contemplation

Je crois que j’ai commencé à regarder où je pourrais aller après avoir quitté ce lieu, mais pas longtemps. Je n’arrivais pas à rester sur un écran (même la TV) ni sur un livre. Assez rapidement je me suis endormie. Pour me réveiller fiévreuse, avec les poumons douloureux, de la toux et le nez qui coule. Et oups, c’est parti pour une nuit de nettoyage, de sommeil et de courts réveils avant de replonger. J’espérais que ce soit le bouquet final. Mais non, je me suis réveillée le dimanche matin dans le même état ; et zut. Je me suis levée tard, je crois que l’ananas m’a encore fait un peu envie, et boire de la tisane. Le temps d’expliquer la situation à mes hôtes également, leur disant que je n’allais pas bouger le la journée parce que c’était pire que hier. Ils étaient dépités pour moi, m’ont demandé si je ne voulais pas prendre de médicaments. J’ai décliné en disant que je n’aimais pas les médicaments qui, par expérience, ne m’ont jamais plus aidée que de laisser le corps faire ses réparations lui-même. Du coup je me suis recouchée. La nuit suivante a encore été fiévreuse, les bronches se nettoyaient fort.

Mais enfin, le lundi matin j’ai senti un mieux, le cap était passé. Je l’ai dit à Balark avant qu’il aille travailler, il était ravi et rassuré que ce soit passé. Je lui ai posé quelques questions sur les possibilités de marcher un peu dans le quartier (je ne me sentais pas de faire beaucoup, je me sentais faible malgré tout) et il m’a indiqué la direction d’un centre commercial avec plein de boutiques. J’ai pris un petit déjeuner, pas à l’aise car la bonne était là. Elle nettoie, lave, repasse et fait la cuisine jusqu’à 16h puis repart. Dans la cuisine je n’avais pas d’autre solution de m’assoir et de me faire servir. C’est embêtant de ne pas juste prendre ce qu’on a envie ; je ne voulais pas de yaourt, pain, beurre, etc. Enfin bon, je ne vais pas me plaindre ; reste que se faire servir m’embarrassait encore plus. Après une bonne douche je suis sortie. J’avais l’impression de renaître, d’avoir à réapprendre les gestes. Marcher me faisait bizarre, parler aussi. Je devais avoir les pupilles éclatées parce que je ne supportais pas beaucoup la lumière du soleil, je devais mettre des lunettes (chose que je fais rarement). J’ai marché, trouvé une petite cantine avec buffet ce qui m’a permis d’éviter la viande qui me dégoutait complètement : légumes, riz et haricots. Les voisins regardaient un match de la coupe du monde.

Depuis Tabatinga on navigue sur le Rio Solimoes, qui en dessous de Manaus rencontre le Rio Negro pour former l’Amazone. Ici la rencontre des eaux jaunes de Solimoes avec les eaux noires de Negro.

Ensuite je suis allée jusqu’au centre commercial où j’ai déambulé. J’ai acheté une belle boite de chocolat pour Balark et son ami. Puis je suis passée faire quelques courses parce que j’étais gênée d’utiliser leur nourriture ; je ne suis pas sensée être nourrie. Ceci dit je n’ai pas mangé grand chose. Et puis je suis rentrée. Il n’y avait personne à l’appartement. J’ai mis mes achats et le chocolat dans le frigo. J’avais hâte de m’allonger ; dans mon état cotonneux je n’ai pas senti ma limite et en fait j’en ai trop fait pour une première sortie. Je me suis endormie. A mon réveil, fiévreuse et en mauvais état à nouveau, j’ai guetté les bruits ; aucun. Ca ne voulait rien dire parce que cet appartement est ultra-silencieux, même quand il y a du monde. A un moment j’ai entendu la porte se fermer, quelques minutes après je me suis levée pour aller donner des nouvelles : personne. Je me suis recouchée. Plus tard j’ai à nouveau entendu la porte, mais je sommeillais, je n’étais pas bien, je me suis dit que je leur parlerai le lendemain matin.
La nuit a encore une fois été éprouvante, et le mardi matin ça allait mieux à nouveau. C’était mon jour de départ normalement, le lendemain Balark et son ami devaient prendre un avion pour Sao Paolo. Comme j’avais repéré un logement pas cher et super à la limite de la ville encore plus loin que l’aéroport, je voulais demander à Balark si j’aurais pu aller avec eux à l’aéroport pour continuer en taxi ensuite. Mais je n’ai pas eu l’opportunité d’expliquer.

Manaus est une ville énorme, avec un port énorme.

De gros navires remontent jusque Manaus. Tanker, gaziers, pétroliers, etc. Ici un bateau de Singapour.

Après les ports de commerces, les ports de pêches et de transports fluviaux

Je me suis levée, je n’ai vu personne, à part la bonne dans la cuisine qui m’a proposé de m’assoir et a disposé plein de trucs devant moi ; je n’ai mangé qu’un peu de papaye. Ca allait mieux mais l’appétit était quasi inexistant. Quand j’ai eu fini, je me suis levée pour ranger mon assiette et ai été surprise de voir Balark derrière moi, je ne l’avais pas entendu arriver (peut-être qu’il se déplace sur coussin d’air). Il avait le visage fermé, a répondu à mon good morning sans sourire, a enchainé sur « tu pars aujourd’hui ? ». J’ai commencer à parler pourdemander si je pouvais rester une nuit de plus parce que …

-« non », « on prend l’avion demain »
– « d’accord, pas de problème »
– « à quelle heure tu penses partir ? »
– « euh, en début d’après-midi » (j’étais un peu sciée et prise de court, je n’avais rien réservé, la tête en marmelade, du mal à réfléchir)
– « très bien, tu donneras la clef à x (la bonne, j’ai oublié son prénom), je vais bientôt aller travailler et je ne rentrerai que vers 20h »
– « oui bien sûr, merci de ton aide »

Bateau de transport de passagers, c’est sur un bateau de ce type que se fait le voyage depuis Tabatinga

Tout ça sans sourire. Je lui ai montré la boîte de chocolat dans le frigo et il a juste dit « ah, ok ». Il est reparti vers son bureau, moi dans la chambre. J’ai laissé la porte ouverte pour l’au revoir, mais il n’y en a pas eu. Je ne l’ai pas entendu partir, il est parti sans dire au revoir. Ca m’a sciée, déstabilisée. Je me sentais super mal. Je savais que ce n’était pas cool de rester enfermée dans la chambre, mais ils ne m’ont jamais montré qu’il y avait un problème, au contraire, ils en faisaient trop. Que s’est-il passé ? Je n’en sais rien. Il y a eu une vexation ou un outrage, mais lequel ? Par le fait que je ne me soit pas montrée la veille au soir ?

En quittant les lieux je lui ai envoyé un message le remerciant pour son accueil et présentant mes excuses pour avoir été malade, expliquant que la veille au soir j’ai eu à nouveau un accès de fièvre, lui souhaitant le meilleur pour la suite. Il m’a répondu dans la soirée qu’il me souhaitait également une bonne continuation dans mon voyage. Je me suis dit ouf, ce n’était peut-être pas contre moi.

Le soir, depuis un hôtel pas trop mal au centre de Manaus, j’ai laissé un bon commentaire sur son profil Couchsurfing, expliquant ce qui m’était arrivée et décrivant la chance que j’ai eu de pouvoir passer ces moments difficiles dans un tel lieu. La première question que pose Couchsurfing pour les références qu’on laisse est « est-ce que vous séjourneriez encore chez untel » ou « est-ce que vous accepteriez de recevoir à nouveau untel ». Bien sûr que l’accueil chez Balark vaut une mention « je séjournerais encore chez lui ». Mais lui il a laissé sur mon profil un « je n’accepterais pas d’accueillir à nouveau Maryvonne ». Ca, ce n’est pas cool, parce que c’est laisser entendre aux autres que je ne suis pas recevable. Ensuite, il a écrit un commentaire en portugais (quelle proportion de la population mondiale lit le portugais?) alors qu’il parle bien anglais et que tout son profil est rédigé en anglais. Il dit qu’en fait il ne peut rien dire parce que j’ai été malade tout le temps et qu’il me souhaite une bonne continuation et une meilleure santé pour la suite de mon voyage. C’est pervers quand même, aucune explication sur la raison de ma non recevabilité, un mensonge parce qu’on a bien discuté et rigolé pendant deux heures le premier jour, et quelques mots en portugais qui sont plutôt aimables mais incompréhensibles pour la plupart des lecteurs (car en portugais). Qu’il y ait eu problème je peux concevoir, moi-même j’étais embarrassée et m’excusais à chaque fois que je les voyais, à quoi ils répondaient pas de problème. Mais je ne comprends pas le changement soudain et le manque d’explication de ce changement.

Je me suis sentie complètement nulle et merdique. J’ai hésité à lui demander des explications, mais non, j’ai préféré ne rien dire, ignorer, et espérer que ça n’allait pas en plus me porter préjudice pour mes futures demandes d’hébergement.
Je dis ça mais j’y pense encore de temps en temps, un mois après. Ca me fait une boule dans le ventre. Un sentiment d’injustice, de comportement incorrect, et en même temps de gros doute sur la question de est-ce que j’ai été si incorrecte moi-même ? Mais pourquoi m’avoir toujours rassurée sur le fait que ça ne leur posait pas de problème alors ? Je n’ai pas dérangé, pas sali les lieux, pas épandu mes microbes partout, pas fait de bruit, etc. Par contre je n’ai pas apporté beaucoup d’échange, d’animation, de divertissement. Peut-être que c’est ce qu’attend Balark. Mais ça ne mérite pas un non recevable.
Bref.
Passons à autre chose.

Sur le port de Manaus

Je suis à Manaus, je m’en fous, je suis crevée, je veux de la Nature, me reposer, prospecter sur internet pour la suite de mon voyage, buller. On est mardi soir, j’ai un avion à 4h du matin lundi, que fais-je ?
Là, il y a la petite voix dans la tête qui me dit :
– « oui, mais tu es à Manaus Maryvonne, MANAUS, tu te rends compte ? C’est dingue ! »
– « oui, c’est vrai ça, c’est dingue quand même… mais vraiment je m’en fous »
– « sors, va voir »
– « oui, allons voir, je ne vais pas partir sans visiter un peu, ce serait con »

Décor courant de Manaus

Le Bellevue Hotel était peut-être chic, fut un temps

J’ai réservé la chambre Airbnb qui me faisait envie à la sortie de la ville ; grande, claire, dans la campagne, avec piscine et des hôtes apparemment super sympas, pour le même prix que la chambre en ville. Rendez-vous le jeudi là-bas, comme ça j’avais tout le lendemain pour vadrouiller dans le centre.
C’était jour de match pour le Brésil. Or, la loi brésilienne oblige les employeurs à laisser la demi-journée de congés aux salariés pour qu’ils puissent voir les matchs de l’équipe nationale. Résultat, presque tout était fermé l’après-midi. En fin de matinée j’ai vu la forte animation sur le port touristique, où il y a une multitude de bateaux amenant les clients en balade sur le fleuve, à la journée, ou pour plusieurs jours, avec animations si j’ai bien compris. Il y a aussi des excursions pour aller voir des village de natifs. Mais je n’étais pas en état pour faire ça.

Un peu de propre

L’Opéra de Manaus

A la place, j’ai déambulé à travers la ville. Evidemment, voir l’Opéra était le truc minimum à faire ; j’ai vu. Il ne casse pas des briques. Sur la place à côté il y avait un grand écran diffusant le match, avec une foule pour le regarder. Quand le Brésil marquait c’était la folie. Pour le premier but j’étais tranquille dans un jardin public à siroter une coco fraîche (ça aussi ça passait tout seul). Et j’ai entendu un hurlement général, qui a enchainé sur des explosions de gros pétards ; hallucinant le bruit que ça a fait.

Téléspectateurs du match de foot

Manaus est triste. Mais quelle est l’influence de ma couleur interne sur ce que j’ai perçu de Manaus ? Pour beaucoup, puisque nos couleurs interne colorent nos mondes, et non l’inverse. Ceci dit, une de mes sœurs y est passée il y a trois ans et elle m’a dit qu’elle ne l’a pas vraiment apprécié non plus. Il n’y a pas de convivialité, de véritable accueil de l’autre. Bon, Manaus à beaucoup de vieux bâtiments délabrés et en plus c’était un peu ville morte, donc … Le Brésil en général m’a fait un effet bizarre, difficile à expliquer.

Entre les mélanges d’architecture, les oeuvres du temps, les couleurs, etc, il y a de quoi s’amuser en photographies. Mais je n’avais pas la forme pour ça.

J’errais un peu comme une zombie, toujours avec un appétit de moineau (ce qui est très extraordinaire comme ressenti pour moi car j’adore manger), une énergie à zéro, et la boule dans le ventre de ce qui était arrivé avec Balark. Quel dommage, mais quel dommage tout ça. A Leticia, sur le bateau, j’avais renoué avec la joie, le rire, j’avais hâte de découvrir le Brésil, et là maintenant je n’avais qu’une envie c’est de passer à autre chose le plus vite possible. Mais avec une énergie et un élan encore plus faibles qu’en Colombie.
Le lendemain je me suis initié à Uber, sous les conseils de mes nouveaux hôtes, pour avoir un voyage à bon prix jusqu’à chez eux. C’est assez dingue comme appli quand même, super pratique il est vrai ; je comprends que ça marche bien.
Quel bonheur d’arriver chez Rebecca et Douglas. Bon, un peu trop isolé pour le coup, il n’y a même pas un commerce dans le coin ; il faut prendre un Uber pour aller faire ses courses. Une maison immense, avec un dédale de pièces toutes immenses, dont au moins quatre chambres en location, avec salles de bain privées, immenses. Au milieu des arbres, avec une belle piscine dans le jardin, accès à la cuisine, le salon, les vélos.

Rebecca est autrichienne et Douglas brésilien, ils se sont rencontrés en Suisse allemande où au moins Douglas a étudié. Ce couple m’a fascinée, par son ouverture, sa simplicité, sa générosité totalement gratuite en lien directe avec cette simplicité de vivre et de contact avec les autres. Leur maison est tout le temps ouverte, les clients, les amis, la famille passent, partent. Même alors qu’eux-même étaient dans une période assez intense au niveau boulot : ils cuisinent et vendent des produits vegan sur des marchés, et sur les quatre jours que j’ai passé là-bas ils avaient trois gros marchés. Donc, entre la cuisine, le nettoyage, les journées de vente où ils rentraient vers 20h, ils n’ont pas arrêté. Et tout ça avec le sourire et une disponibilité pour aider, renseigner, dépanner, conseiller, parler aux amis de passage, etc.

Pêcheur, devant le l’eau … très beurk

Dés mon arrivée, comme je me demandais où je pourrais faire quelques courses pour avoir un peu de provisions dans cet Eden, ils m’ont proposé de m’emmener au marché bio où ils allaient le jeudi après-midi ; je pourrais ensuite rentrer avec eux vers 20h ou prendre un Uber pour rentrer. Aller bingo, super, un marché bio ! Le premier que j’ai l’occasion de croiser en Amérique latine.
Le trajet à bien duré une heure, l’occasion de discuter. Avant de s’installer ils ont vadrouillé pendant un an et demi avec leur combi Volkswagen pour visiter tous les pays d’Amérique du Sud. Du coup on a échangé là-dessus, ils m’ont donné des tuyaux.

Un peu de chlorophyle

A côté du marché il y avait un grand parc tenu par des laboratoires scientifiques qui étudient la flore et la faune locale. Du coup on peut y voir des animaux et des bouts de forêt. Comme il n’était que 15h j’avais le temps de le visiter avant que le marché commence vraiment. Ca m’a fait beaucoup de bien de reprendre contact avec de la Nature. En plus j’ai fait la formidable rencontre des Lamantins, des mammifères marins peu connus mais que j’ai toujours bien aimé, ils ont une bonne tête bizarre et il paraît qu’il chantent très bien (ils font partie des siréniens). J’ai aussi vu des tortues de toute sorte, aperçu un alligator, un petit héron. C’est tout con, mais rien que ça et surtout marcher parmi les arbres m’ont fait du bien. Je n’aime pas les zoos, ça n’en était pas un, c’est scientifique, mais en fait si, c’est un zoo. Avec peu d’espèces, seulement celles étudiées, mais ça revient au même. Les animaux sont maintenus en captivité en dehors de leur mode de vie normal. Et ça ce n’est pas normal.

Petit héron

Tête d’alligator

Lamantins

Ensuite j’ai fais mes courses au marché bio, gouté aux salgados de Rebecca et Douglas (comme des grosses croquettes frites fourrées à différents trucs), avec un jus de fruits frais. C’était rigolo parce que Douglas voulait me faire gouter un salgado fourré avec une plante typique du Brésil, avec des feuilles au goût piquant, bizarre. Rebecca lui disait de laisser tomber, que je n’aimerais pas. Mais je suis curieuse, je voulais tester. Et en fait je connaissais, c’était fait avec des brèdes mafanes ! « Des quoi ? », me diriez-vous. Des brèdes mafanes. C’est très connu et utilisé dans la cuisine mauricienne et de Madagascar.

Rebecca devant des salgados de plusieurs sortes

Petite histoire en aparté : Quand j’étais à la ferme (pour ceux qui ne me connaissent pas j’ai tenu une ferme en maraîchage bio pendant cinq ans) deux clients m’en avait parlé, indépendamment, en 2014. J’en ai alors cultivé sous une serre l’été 2015 ; ça a marché, j’avais une petite production. C’était rigolo de proposer une plante tropicale. Mais pas beaucoup de clients pour ça, forcément. Quelques bouquets vendus au début à des clients curieux (c’est rare), et quelques connaisseurs (encore plus rares) mais ensuite ça partait plutôt au compost et un peu dans mes jus de légumes. Sauf un soir de vente à la ferme, où je vois un couple débarquer, me demandant si j’avais des brèdes mafanes. « Oui » leur dis-je, étonnée de la coïncidence. Que nenni, coïncidence il n’y avait point. En fait, c’était un couple qui vit à Madagascar (elle est de là-bas) mais qui revient de temps en temps en France pour visiter la famille du monsieur du côté de St Brieuc. Ils en profitent pour faire des achats de trucs introuvables sur leur île, et pour cela vont à Brest. Notamment dans un supermarché asiatique. A la caisse de ce magasin, ils ont discuté produits avec les proprios, disant notamment que c’est dommage de ne pas trouver de brèdes mafanes fraîches, seulement des congelées. Et là, le compagnon de ma mère qui était juste derrière eux dresse l’oreille et leur glisse « moi je sais où il y en a ». Le couple se retourne, étonné, et demande des explications. C’est comme ça que, illico-presto, ils ont pris leur voiture et fait 25 km pour arriver dans ma ferme. Ils ont raflé ce que j’avais à l’étal (j’ai regretté de n’avoir pas récolté plus!) et son repartis ravis.
Une des belles histoires de la ferme, loin du Brésil.
Tout ça pour vous dire que ça m’a fait plaisir de retrouver cette plante (bizarre il est vrai, ça a un goût…électrique) et d’en gouter une recette à la Douglas.
Ensuite je suis rentrée en Uber, contente de me faire une belle salade de légumes bio et de me coucher dans une chambre magnifique.

Marché bio

J’ai passée deux journées à me reposer, me baigner, marcher un peu sur la route. La villa était dans une grande enceinte de plusieurs hectares de forêt, encerclée d’une haute clôture grillagée et avec également plusieurs gardes à l’entrée ,qui en plus faisaient des rondes régulières en moto dans le parc. Il y avait plusieurs villa disséminées. J’ai passé pas mal de temps sur internet également, pour préparer la suite et m’évader sur la toile. C’était décidé, j’allais voir les célèbres chutes d’Iguazu puis descendre vers l’Uruguay pour voir un brin du pays et rencontrer la fille d’un collègue de marché, puis faire un saut à Buenos Aires (faut quand même voir Buenos Aires, non?) et remonter vers la Bolivie.

(Je n’ai pas de photo de ce super logement, je vous laisse aller en voir sur leur page AirBnb, ICI)

Dans une partie du centre de Manaus les petites rues sont remplies de petits stands. Ici ils se ferment à la nuit.

Le jour de mon départ, Rebecca et Douglas ont encore été extraordinaires. Ils étaient d’accord pour que je reste jusqu’au dimanche soir avant de rejoindre l’aéroport (je n’avais pas loué pour le dimanche soir parce que lenregistrement pour l’avion commençant à 2h du matin, ce n’était pas la peine), mais quand je suis descendue avec mes sacs vers 20h (ils revenaient d’un grand marché) pour appeler un Uber, ils m’ont demandé à quelle heure était mon avion et en entendant la réponse ils m’ont dit : « mais tu es beaucoup trop tôt, remonte dormir et appelle un Uber à minuit ou 1h ». Trop cool. Et avec ça ils m’ont offert un salgado (aux brèdes mafanes, héhé) et du gâteau au chocolat (vegan). Je leur ai quand même demandé s’il n’y aurait pas de problème pour avoir un Uber à cette heure tardive dans ce lieu reculé « non non, normalement il n’y a pas de soucis. Si tu n’y arrives pas réveille nous en nous téléphonant, on t’amènera ». Pas croyable, ils étaient même prêts à se lever à 1h du matin pour m’amener à l’aéroport (à 20 minutes de là).

Je suis remontée, mais je n’ai pas réussi à dormir ; juste relaxation, rester tranquille, ça repose quand même. A minuit et demi j’ai essayé d’appeler un Uber, et ça ne marchait pas. Il n’y en avait pas dans le coin, puis il y en avait un , mais quand je le réservais ça bugguait, bizarre. J’ai essayé régulièrement pendant pratiquement 1h, je ne voulais pas réveiller mes super hôtes ; déjà je n’aime pas réveiller les gens, mais là en plus à 1h du mat et pour me faire conduire, c’était assez énorme pour moi. Mais j’ai dû m’y résigner.
Aïe aïe aïe, allez, zouh :
– « aloooo ? » (voix endormie)
– « Douglas, c’est Maryvonne, je suis vraiment désolée, je n’arrive pas a avoir un Uber »
– « hein…ah oui, euh, je vais en appeler un, je te rappelle dans 10 minutes »
– « ok, merci beaucoup »

Un quart d’heure plus tard (j’ai eu peur qu’il se soit rendormi et qu’il fallait rappeler) il me rappelle en me disant qu’un Uber serait là dans 5 minutes. Pas croyable. Je pense qu’il a des tuyaux supplémentaires, c’est pas possible.
Bref, le Uber est arrivé, on a navigué dans les rues noires et désertes, et j’étais d’une gratitude pas croyable pour ce gars qui me conduisait à l’aéroport pour une somme dérisoire vue l’heure. Je lui ai laissé un bon pourboire, et encore, pour moi ce n’était pas assez.
Deux heures après je m’envolais pour Sao Paolo, où j’allais passer 8h à poireauter avant un autre avion pour Curitiba. Je ne m’étais même pas renseignée sur la possibilité d’arriver directement à Iguazu, or c’est possible ! Bon, à la place j’ai fait une nuit à Curitiba et une journée de bus à regarder le paysage ruiné par l’agriculture intensive. C’est instructif.

Déjà Curitiba m’a changé d’air, j’ai bien aimé l’ambiance (ma cousine Marion qui est prof d’Histoire-Géo m’a dit que c’est une ville étudiée en classe comme exemple de ville durable). Mais j’avais hâte de découvrir une des sept merveilles naturelles du monde. Je n’en avais jamais entendu parler avant mon séjour à Minca en Colombie, et pourtant ça vaut bien plus que les fameuses chutes du Niagara.
Bien plus.

Vous verrez….

Petit porfolio pour finir de caser des photos :

Haut du bateau

Salle de sport

Un village passe

Fin