Nausée

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Ca fait longtemps, trop longtemps que je n’ai pas écrit d’article. Je n’y arrive pas. Non pas que je ne veuille pas, mais il me faut écrire sur des semaines qui n’ont pas été agréables. Instructives, expérimentales, secouantes, mais pas agréables.
Ca ne me dérange pas de les avoir vécues, parce que j’ai découvert des trucs, sur moi et les autres. Mais raconter me gonfle un peu.
Mais honnêtement il faut que je raconte.
Alors je m’y met, peut-être sans m’appliquer, mais au moins mettre des photos et commenter un minimum.

En fait je ne sais pas vraiment quoi raconter non plus !
Bon, allé, plouf.

Raphaël et Mickaël hissent la grande voile

Nous sommes partis de Gibraltar le 17 septembre pensant avancer tranquillement avec un peu de vent et profiter du courant sortant dans le détroit (de Gibraltar) qui mène à l’océan Atlantique. Mais nous n’avons pas vraiment eu ce courant et surtout pas de vent. Nous avons beaucoup avancé au moteur (en plus des voiles), le soir nous étions tout juste à la sortie du détroit.

Je me suis couchée tôt parce que mon tour de quart était 0h-2h et je voulais dormir un peu avant pour être bien attentive. Et puis il y avait cette petite nausée de début de mal de mer, pas bien grave mais je ne pouvais pas rester longtemps à l’intérieur. Heureusement mes tours de cuisine et de vaisselle arrivaient deux jours plus tard, j’avais le temps de m’habituer.

Stéphane à la barre pour quitter le port de La Linea de la Concepcion

Chloé observe

Mickaël et Stéphane mettent le spi pour essayer de gagner un peu de vitesse

Contemplation

Quand je suis remontée de ma sieste du soir le bateau longeait la côte marocaine vers le sud : nous avions passé le détroit, mais étions toujours au moteur (avec les voiles). La consigne était de surveiller les bateaux ou autres obstacles que nous pouvions croiser et garder, non pas un cap très précis, mais la même orientation du vent dans les voiles. Ceci pour ne pas avoir à faire de réglage de voile mais simplement d’éventuels ajustement de notre direction via le pilote automatique.
La direction du vent n’était pas très stable, je me souviens d’avoir pas mal changer le cap du bateau de plus ou moins 10-20° pendant deux heures. Je me souviens aussi d’avoir eu un coup d’adrénaline en voyant surgir des lumières très fortes à tribord : c’était un avion qui descendait pour atterrir sur un aéroport marocain. Je voyais les lumières de la côte et des lumières en mer, mais il n’y a pas eu d’obstacle à éviter.

A 1h45 Chloé est arrivée pour prendre des nouvelles et la relève. Le temps de discuter un peu et je suis descendue dormir. J’appréciais ce moment où je pouvais me dévêtir et me coucher pour dormir autant que je voulais. Le mal de mer était léger mais fatiguant. Et le premier symptôme du mal de mer est une envie de dormir. J’ai beaucoup dormi sur le bateau, autour de 10h par jour.

Stéphane et Chloé

Quand je me suis levée le lendemain matin, vers 10h, on était au milieu du bleu, on ne voyait plus la côte. Le vent n’était pas très fort, mais il me semble que le moteur était coupé. Si ce n’est pas à ce moment là ça c’est fait un peu plus tard. On avançait lentement, dans les 6 noeuds je crois.
Le vent était à tribord, une houle légère aussi du coup, le bateau gîtait d’autant plus qu’il n’avait pas beaucoup de vitesse. Pas grand chose, mais pour le mal de mer c’est parfait. Dans ces cas là je suis encore moins causante, comme si mon cerveau limitait ses activités en ne gardant que le minimum. Impossible de lire, c’était aggravant. Heureusement, j’aime la contemplation, alors je regardais le bleu. Un bleu magnifique, comme je n’en avais jamais vu. Raphaël disait bleu pétrole. Je ne sais pas ce qu’est un bleu pétrole. Il était mat, opaque, dense mais également lumineux. Une sorte de bleu marine auquel on ajouterait un peu de lait lumineux. (J’ai regardé bleu pétrole sur internet, ça ressemble à ça en effet).

Mer bleu pétrole, mais on ne voit pas bien l’effet bleu pétrole sur la photo

Repas. Ne jamais oublier de regarder régulièrement s’il n’y a pas un obstacle à éviter.

Je voyais des oiseaux marins. J’ai vu des océanites tempête, les plus petits pétrels du monde. C’était chouette de les voir : j’ai tenu des centaines d’individus entre mes mains au cours des sessions de baguage dans la plus grande colonie française, en mer d’Iroise. Et à présent je les voyais là où ils vont une fois la reproduction terminée : en haute mer, loin de tout.

Photo d’août 2005, je démaillote un océanite pris dans les filets de capture. Il sera ensuite mesuré sous toute les couture, pesé puis bagué par le spécialiste Bernard Cadiou qui étudie ces oiseaux depuis plus de 20 ans.

J’ai également vu passer des puffins et des labbes. Et puis des oiseaux terrestres perdus en mer. Certains se posent sur les bateaux pour se reposer ou mourir d’épuisement. Les derniers jours nous avons ainsi vu des tourterelles dont je ne connais pas l’espèce se poser à l’avant du bateau. (voir la photo de couverture)
De gros bateaux passaient de temps en temps d’un côté ou de l’autre. Des porte-containers, des gaziers, des pétroliers, etc.
Le temps était magnifique, grand ciel bleu. Mais pas très chaud, je gardais ma veste.

Chloé monte au mât pour une réparation

Mer du soir

Mer du soir

La deuxième nuit s’est bien passée également. Quand je me levais pour prendre mon quart j’étais vaseuse, mais le grand air me faisait du bien. Je prenais la relève de Stéphane, le capitaine, qui assurait le début de nuit. Il me donnait les instructions puis descendait se coucher sur une banquette dans le carré pour être prêt à intervenir à la moindre alerte. Cette nuit là il y avait les Noctiluca (Noctiluca scintillans), des algues microscopiques qui émettent des photons quand elles subissent un choc mécanique. L’étrave du bateau et certaines vagues laissaient donc surgir des scintillements lumineux. Si vous vous baignez la nuit sur certaines plages vous pouvez voir ce phénomène également. Remuez l’eau avec vos mains et vous verrez des milliers de petits flashs.
Je me souviens avoir un peu stressé car un bateau arrivait devant nous : il passe ou on se le prend ? J’ai finalement dévié la route de 20° vers bâbord jusqu’à être assurée qu’il passait bien à tribord, puis j’ai remis le cap à sa place. Il faisait assez froid, je n’avais pas de veste de quart alors je superposais mes polaires et enfilais mon pantalon de soie (qui me sert de pyjama quand il fait froid ; à la place d’un sac de soie j’ai une vieille tenue de Taï Chi Chuan en soie!).

Que du bleu

Le lendemain il y avait plus de vent je crois. Mickaël, dont la bonne humeur et l’accent marseillais prononcé mettait du soleil dans l’ambiance, adorait pêcher : il plaçait une ligne à la traine et il a eu des petites dorades coryphènes.

Première dorade de Mickaël (délicieuse)

Si tout le monde était un peu nauséeux au départ, Stéphane compris malgré ses années de navigation, à présent tout le monde était à l’aise ; sauf moi. Faire la vaisselle allait encore, j’arrivais à me concentrer assez et j’aime bien faire la vaisselle. Par contre faire la cuisine était difficile, ça demande plus de réflexion et puis il y a plus d’odeurs. Je me souviens pouvoir lancer la chose mais devoir passer la main pour ressortir et ne pas être trop mal. Comme disait Stéphane, quand on commence à vomir on ne sait pas quand ça s’arrête. Une fois j’ai voulu essayer de continuer : je suis sortie pour vomir par dessus bord. Ca m’a fait du bien et ça n’a pas empiré mon état, mais après la nausée était malheureusement toujours là.

Raphaël, Mickaël et Stéphane. Deux archanges et la fée Chloéchette avec nous!

Raphaël ne prend pas de photo, il dessine à l’encre et aquarelle. Il tient ainsi un magnifique carnet de voyage dans lequel il écrit également.

La troisième nuit était plus venteuse, plus fraîche, mais au moins on avançait. Quand je prenais mon quart je me levais avec l’impression d’avoir de l’acide sulfurique dans l’estomac. Je buvais un peu d’eau, une ou deux dattes arrangeaient un peu les choses. Cette nuit là j’ai été tracassée par des phares que je n’arrivais pas à interpréter dans un premier temps, c’était bizarre. Il y avait un bateau droit devant, mais aussi des lumières blanches sur tribord. Pour moi il manquait des phares sur le bateau et ça m’empêchait d’avoir une interprétation sûre de sa direction. Mais bon, la plus risquée des interprétations était très probable : un bateau devant allant vers bâbord et trainant quelque chose de très long marqué par endroits par des lumières blanches (que je voyais espacées sur la mer à tribord). J’ai donc réveillé Stéphane et c’était bien ça. Un bateau de pêche traînant sans doute un très long chalut. Maintenant il fallait l’éviter ; étant en travail il était prioritaire. Stéphane à couper le pilote automatique pour prendre la barre et à mis le moteur pour être plus maniable et essayer de contourner tout ça. D’abord vers tribord : impossible, la traine était trop longue. Il a viré vers bâbord pour passer devant le bateau en mettant plus de gaz au moteur : ça a été chaud mais on est passé.

Je ne me souviens plus comment était le quatrième jour, si la mer avait déjà forcit ou pas. Sans doute un peu puisque le vent se maintenait à présent au-dessus de 10 nœuds, si je me souviens bien. La mer se formait autant que le vent soufflait, la houle était donc plus marquée. J’avais toujours la nausée et j’étais embarrassée de ne pas assurer mes tours de cuisine et vaisselle, d’être un peu éteinte en terme de conversation, de ne pas être intéressée par quoi que ce soit puisque mon cerveau était en service minimum. Les avantages étaient que les fonctions vitales comme dormir et faire caca était assurées tous les jours sans problème : en cas de crise le corps ne s’embarrasse pas de blocages inutiles! Mes tendances à l’insomnie et la constipation avaient disparues. C’est incroyable de voir ça. P—-n de blocages de je ne sais où qui pourrissent la vie normale ; pourquoi?!

Stéphane parle

Chloé et Raph écoutent

La fin de la quatrième journée était déjà plus agitée. Le vent avait encore forcit et la mer s’était encore creusée. Le vent venait d’un peu plus vers l’arrière. Je me suis couchée dans le carré pour siester avant mon quart comme d’habitude, mais ça gîtait tellement que je n’ai pas vraiment dormi et j’étais bien nauséeuse. Stéphane et Mickaël sont restés ensemble assurer le début de nuit. Mickaël était l’équipier le plus expérimenté, il n’y avait que lui à part Stéphane à avoir le droit de prendre la barre. A un moment il y a eu un grand bruit, je ne sait pas trop ce qu’il s’est passé, un empannage incontrôlé je crois, en tout cas quelque chose avait lâché au niveau de la grand voile qu’il a fallu affaler. C’est Mickaël qui est allé à l’avant pour le faire. Je me suis assise sur ma banquette pour essayer de suivre et comprendre. Chloé qui s’était levée m’a dit de me rallonger, ce que j’ai fait sans hésiter pour calmer ma nausée et l’acide de l’estomac.
Je m’inquiétais pour Mickaël, ma trouille était que quelqu’un tombe à l’eau, rien d’autre.
Puis Chloé est venue me dire que c’était l’heure de mon quart. Je suis donc montée, pas fraîche du tout, pour voir une mer creusée et le voilier qui n’avançait qu’avec le génois. C’est pas trop un problème, il valait mieux attendre le jour pour les réparation. Mais sans grande voile le bateau perd encore de stabilité et gite encore plus.

Raph écoute, Micka sourit

Cette nuit là on était trop loin des côtes pour croiser des bateaux, même si j’en ais aperçu un ou deux au loin. L’estomac était encore plus acide, une seule datte est passée pour l’adoucir. Ensuite j’ai regardé les vagues et les lumières des Noctiluca, pris des embruns sur le visage, et même une vague qui a splashé dans mon dos ; ça m’a fait rire. Ca m’a toujours fait rire de me prendre des paquet de mer dans la tronche. Pendant les missions de plongée quand j’étais dans la biologie marine c’était pareil.
Cette nuit là j’ai eu de la joie au milieu de la nuit et de l’eau. Même si la situation n’était pas joyeuse, je vivais ce que j’étais venu chercher ; ce contact particulier avec les éléments. Et en tête m’est venue la question : qu’es-tu en train de t’infliger encore, là, Mary? Faut-il que tu en baves pour avoir l’impression de faire un truc bien? Tu as déjà vécu ça, sur mer et dans les champs. Qu’est-ce que ça t’apporterait de continuer?
– je serai contente de l’avoir fait
– c’est tout?
– je connaitrais la longueur du temps qui passe en pleine mer, je verrais peut-être une baleine
– les baleines tu pourrais en voir ailleurs, le temps il passe partout, tu peux faire un ermitage si tu veux
– non, pas envie
– donc en gros, tu fais ça pour dire que tu as fais ça
– oui. Et ça évite l’avion
– Popopo, tu cherches des arguments à la con non?
– oui, tu as raison 😀 J’en ai marre de ça, de choisir des chemins difficiles, de devoir prouver des trucs à personne. Je crois que je vais arrêter aux Canaries. Et prendre un avion pour je ne sais où. J’ai envie de m’amuser, à présent. C’est décidé.

Et c’était décidé.

Autoportrait pas frais

L’arrivée était prévue le samedi matin, j’avais en tête de débarquer le lundi à Lanzarote. Mais n’étais pas à l’aise de devoir l’annoncer. Je savais que ça n’embêterait pas Stéphane, il n’aime pas les boulets. De toute façon ce n’était pas le moment. Nous n’étions pas arrivés et surtout les conditions météo n’était vraiment pas facile. Et ne s’arrangeait pas.

Le lendemain, quand je me suis levée, la grande voile était à nouveau en place et le bateau avançait à 15-20 noeuds. La mer était très formée, dans les 4m de creux. Dans ces cas là les risques sont : se faire rattraper pas une vagues si on ne va pas assez vite ou se faire chavirer par une vagues de côté. Le pilote automatique assurait toujours le cap.
Moi j’étais encore plus mal. Pas à vomir mais il y a des trucs que je ne pouvais plus avaler ; tout ce qui était un peu acide. Et même le chocolat, beurk (si si, je vous jure). Ce jour là on a mangé des pâtes au déjeuner et le soir, pour moi c’était nature avec un peu de beurre, rien d’autre ne serait passer.

Raph et Chloé devant une mer plus formée. On voit moins les creux sur les photos

On avançait avec un bulletin météo datant de notre départ, voyant que les choses évoluait différemment Stéphane a réussi à contacter un navire passant au large avec la VHF pour lui demander les dernières prévisions : le vent allait forci à 30 noeuds et la mer se former encore plus. Et la nuit arrivait, c’est à dire moins de visibilité pour voir les plus grosses vagues arriver.
En gros ça craignait. On a vu effectivement les creux atteindre dans les 6m, mais surtout la houle irrégulière venant de plusieurs direction. Une houle croisée.
Le risque était de se prendre une grosse vague qui pouvait nous faire chavirer.

Stéphane et Micka se préparent à une longue nuit

Dans ces conditions il fallait barrer pour pouvoir manier le bateau selon les vagues. Stéphane à donc décidé que lui et Mickaël allaient barrer toute la nuit. Raphaël, Chloé et moi avions pour instruction de nous coucher mais de ne pas dormir, d’être prêts à réagir en cas de soucis.
Les deux barreurs ont mis des gilets de sauvetage, nous nous devions en avoir un sous la main au cas où. Si Mickaël tombait à l’eau Stéphane disait qu’il sauterait avec lui pour assurer sa sécurité dans l’eau et attendre les secours. Il faut savoir que la personne de quart avait avec elle une lumière flash qui se déclenche quand on tombe à l’eau et une balise que l’on peut déclencher pour qu’elle donne notre position en continu. Si on tombe à l’eau avec ça on est apparemment assuré d’être retrouvé. Faut juste pas paniquer. C’est pourquoi Stéphane aurait sauté.
Dans ces cas-là ceux qui restent sur le bateau appuie sur un bouton qui signale immédiatement qu’il y a un homme à la mer en donnant également la position au moment où on appuie sur le bouton. Et lance un médé à la VHF pour alerter les éventuels bateaux du secteur (médé médé médé, on le dit trois fois avant de donner le nom du bateau et ce qu’il se passe ; c’est le signal radio le plus grave, qui indique qu’il y a risque de mort d’Homme).

Micka et Raph

Sunset

Bon, vous imaginez l’ambiance.
Je me suis couchée dans la cabine que je partageais avec Chloé, je savais que je ne pouvais rien assurer, juste fermer les yeux, ne pas vomir, être prête à réagir en cas de problème. Chloé et Raphaël se sont couchés dans le carré pour être prêts à aider s’il le fallait. Et ils ont aidé.
J’entendais Stéphane et Mickaël qui au début parlaient, chantaient, se relayaient toute les heures à la barre. Au bout d’un moment Raphaël et Chloé sont monté aussi ; ils préféraient être avec les autres que de poireauter en bas. Moi je ne pouvais pas parler où préparer du café, je me disais que si je me faisais discrète ce serait déjà ça. Je ne dormais pas et j’espérais que personne ne tombe à l’eau.
On savait qu’il y aurait un moment particulièrement critique dans la nuit : faire un empannage pour changer de cap et faire vraiment route vers le chenal entre Lanzarote et La Graciosa. Là on serait au calme et presque arrivé. Mais un empannage dans ces conditions n’était pas très réjouissant.
J’ai entendu quand Stéphane a dit que c’était le moment. Mickaël devait encore aller à l’avant du bateau pour un réglage, Raphaël s’occupait du génois je crois, Chloé de la grande voile et Stéphane à la barre. C’était tendu, fallait être synchro, ne rien casser.
Et ça l’a fait, ils ont réussi. Mais on n’était pas encore arrivé.
Et ça a été très dur pour l’équipe, surtout pour les barreurs. Mickaël n’en pouvait plus d’épuisement, il voulait mettre le pilote et aller dormir, dormir, juste dormir. Stéphane aussi était à bout, il tenait à peine sur ses jambes à tenir la barre pratiquement tout seul sur la fin, à pisser sur place pour ne pas la lâcher.
En bas je me suis endormie à un moment et quand je me suis réveillée le bateau ne remuait plus autant : on était dans le détroit, on était en sécurité.
Mais on est arrivé qu’à 9h30 au mouillage. L’équipe a tenu sans dormir dans une mer démontée pendant plus d’une nuit. Ca soude des moments pareils! Plus qu’avant on était 4+1, pas 5. Ma décision de débarquer était encore plus forte.

Paysage de La Graciosa

J’ai du me re-réveiller vers 11h. Je suis montée pour regarder le paysage lunaire de La Graciosa. C’était d’autant plus lunaire qu’après cinq jours de mer et ce qu’on venait de vivre on venait vraiment d’une autre planète.
Je me sentais minable et seule.

Dans la journée on a débarqué, moi avec Mickaël pour faire quelques courses, Chloé et Raphaël pour marcher. Ca m’a fait du bien de discuter avec Mickaël. Il doutait aussi de rester sur le bateau, il était HS, un peu dégouté, il se donnait quelques jours pour récupérer et vraiment décider.
Ca a fait évoluer ma décision : et si je restais sur le bateau pendant sa vadrouille aux Canaries? Je pourrais sans doute mieux participer à la vie à bord et mieux profiter de la vie de groupe?

Plage de La Graciosa, Souls au mouillage

Belle eau bleue des Canaries sur les roches ocres de l’île

L’équipe au sommet d’une colline

C’est ce que j’ai fait, mais seulement pendant une semaine.
Je m’ennuyais et ne supportais plus les sauts d’humeurs de Stéphane, son négativisme, son regard de haut sur le monde, l’infantilisation qu’il nous infligeait.

Et on était toujours 4+1, c’était irrémédiable.
J’avais besoin d’air.
Et ça c’est fait comme une lettre à la poste, je pense que ça arrangeait tout le monde, pas de regret d’aucun côté.

Côte de Lanzarote

J’ai débarqué sur l’île Fuerte Ventura le vendredi 29 septembre. C’était bon de sentir mon sac à dos sur les épaules. Par contre je n’étais plus vraiment à l’aise, j’avais perdu mon état de confiance en l’autre et en moi-même. Fatiguée aussi.
J’avais exploré plein de possibilités pour la suite et j’avais opté pour un vol pour New York deux semaines plus tard. J’avais deux semaines à passer aux Canaries, un rendez-vous pour du workaway le mercredi suivant, d’ici un long week-end pour essayer de me retrouver.

Ca faisait du bien de retrouver un peu de liberté et d’imprévu.

Je ne regrette pas de n’avoir pas traversé. J’ai vu le bleu, j’ai vu les creux, j’ai vu les oiseaux, j’ai vu les étoiles.

Où verrai-je une baleine? 🙂

Souls s’en va